in

Antarctique : des cascades de sang pour expliquer une vie extraterrestre ?

Crédits : National Science Foundation/Peter Rejcek

Uniques au monde et présentes en Antarctique, les « cascades de sang » renferment une vie microbienne qui pourrait aider à la recherche d’une vie extra-terrestre dans notre système solaire. Des scientifiques ont pour la première fois prélevé des échantillons à analyser afin d’en savoir plus sur cette vie sous la glace.

Les « cascades de sang » ou « Blood falls » sont localisées en Antarctique, en marge du glacier Taylor, dans les vallées sèches de McMurdo, en terre Victoria. Elles ont été découvertes par le géologue Thomas Griffith Taylor en 1911. Il s’agit d’une coulée rougeâtre d’oxyde de fer, matériau anciennement utilisé par les Égyptiens pour graver les hiéroglyphes.

Une étude publiée le 5 novembre 2003 par l’Ohio State University permet de comprendre le phénomène : « Les hydroxydes de fer, peu solubles, se déposent après que les ions ferreux, présents dans l’eau riche en sel, se sont oxydés au contact de l’oxygène atmosphérique. Ces ions proviennent de l’ancienne poche d’eau de mer de l’océan Austral qui fut piégée dans le fjord par le glacier au Miocène, il y a cinq millions d’années, lorsque le niveau de la mer était plus haut qu’aujourd’hui ».

Le glacier Taylor couvre en réalité un lac où repose un écosystème isolé du reste du monde, contenant notamment des bactéries autotrophes (17 types différents) qui assimilent les ions sulfates et ferreux. Cette zone offre donc un accès à une zone extrême sans forage couteux, permettant l’observation de ces extrémophiles.

« Les environnements considérés par l’homme comme extrêmes en termes de température, de pression, de pH et de salinité sont souvent colonisés par des micro-organismes, auxquels on a donné le nom d’extrémophiles. Ces derniers, bien adaptés à ces conditions physico-chimiques particulières, sont capables d’en retirer l’énergie nécessaire pour leur métabolisme et leur croissance. » Définition tirée de l’Encyclopaedia Universalis.

Ces extrémophiles font l’objet d’un projet : Le Midge project (Minimally Invasive Direct Glacial Exploration) dirigé par le professeur Jill Mikucki du département de microbiologie de l’université du Tennessee à Knoxville. Il s’agissait d’envoyer dans la glace la sonde EnEx-IceMole qui se déplace grâce à des impulsions acoustiques, en partant du réservoir jusqu’à la surface du glacier. La couleur rougeâtre des « Blood falls » est en réalité due aux Chlamydomonas nivalis, une sorte d’algues au pigment rouge vif.

L’étude des « Blood falls » pourrait, selon Jill Mikucki, expliquer comment la vie pourrait exister sur des satellites de certaines planètes de notre système solaire tels qu’Encelade et Europa, satellites de Saturne et Jupiter, sur lesquels les scientifiques soupçonnent la présence d’océans liquides sous des croûtes de glace.

Sources : Daily MailEncyclopaedia UniversalisScience Daily

– Illustration : National Science Foundation/Peter Rejcek

Yohan Demeure, expert géographe

Rédigé par Yohan Demeure, expert géographe

Licencié en géographie, j’aime intégrer dans mes recherches une dimension humaine. Passionné par l’Asie, les voyages, le cinéma et la musique, j’espère attirer votre attention sur des sujets intéressants.