Antarctique : des travaux lèvent le voile sur ce qui pourrait faire basculer le Larsen C

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Crédits : Pixabay / Department of Energy Atmospheric Radiation Measurement.

De nouveaux travaux publiés ce 14 avril dans les revues Journal of Geophysical Research: Atmospheres et Communications Earth & Environment précisent la contribution apportée par l’atmosphère à la déstabilisation des plateformes de glace qui ceinturent la péninsule Antarctique. Ces résultats ont des implications très concrètes pour le futur du Larsen C.

La péninsule Antarctique est l’une des régions du globe qui s’est le plus réchauffée au cours des dernières décennies. Aussi, cette langue continentale a récemment vu plusieurs de ses plateformes de glace s’effondrer. Il y a d’abord eu le Larsen A en 1995, puis celles du Larsen B et de Wilkins en 2002 et 2009 respectivement. Enfin, une dislocation partielle du Larsen C est survenue en 2017 avec près de 6000 km² de glace expulsés vers le large.

Afin d’anticiper le futur du Larsen C, un groupe de chercheurs a sérié par ordre d’importance les facteurs qui participent à la fonte de surface pour cette plateforme de glace, et donc à sa déstabilisation. Il s’agit de la première étude à produire une telle évaluation, car si le réchauffement de l’air et de l’eau alimente un recul de long terme des plateformes, le moment précis où survient l’effondrement dépend fortement de l’historique des conditions météorologiques.

Déstabilisation et effondrement des plateformes de glace : une contribution atmosphérique mieux cernée

Le facteur le plus influent s’est révélé être le rayonnement solaire en été, suivi des épisodes de foehn, ce vent chaud et sec qui ballait parfois les surfaces situées en aval des reliefs. La couverture nuageuse se place en troisième position tandis que la circulation atmosphérique de grande échelle occupe la quatrième. En effet, cette dernière peut alimenter les facteurs précédents et amener des conditions météorologiques particulièrement délétères pour la stabilité des plateformes de glace.

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ReprĂ©sentation schĂ©matique d’une rivière atmosphĂ©rique de grande ampleur en pĂ©ninsule Antarctique. Les diffĂ©rents processus mĂ©tĂ©orologiques et leurs influences sur une plateforme de glace sont indiquĂ©s. Notez Ă©galement le retrait de la banquise cĂ´tière et la houle accompagnant ces phĂ©nomènes. CrĂ©dits : Jonathan D. Wille & coll. 2022.

« Nous devons nous prĂ©occuper des plateformes, car leur disparition nous affecte tous », explique Ella Gilbert, auteure principale de l’étude. « Lorsque les plateformes s’effondrent, c’est comme si on retirait le bouchon d’une bouteille. Les glaciers qui Ă©taient auparavant retenus peuvent se dĂ©verser dans l’ocĂ©an, ce qui augmente le niveau des mers Ă  l’Ă©chelle mondiale. Si nous savons ce qui fait fondre la plateforme aujourd’hui, nous pouvons mieux prĂ©dire l’avenir et en fin de compte, cela nous aidera Ă  nous prĂ©parer et nous adapter aux changements futurs ».

Ă€ cet Ă©gard, une Ă©tude publiĂ©e au mĂŞme moment dans un autre journal a reliĂ© l’effondrement des plateformes de glace du Larsen A et du Larsen B au passage de rivières atmosphĂ©riques. Il s’agit de longs couloirs d’air chaud et humide aspirĂ© depuis les tropiques Ă  l’avant de fronts froids. Aussi, les chercheurs ont identifiĂ© deux de ces rivières juste avant les effondrements Ă©voquĂ©s tandis que « 60 % des Ă©vĂ©nements de vĂŞlage survenus entre 2000 et 2020 ont Ă©tĂ© dĂ©clenchĂ©s par des rivières atmosphĂ©riques » selon l’Ă©tude.