Annonce de la NASA : de l’eau dĂ©couverte sur la surface ensoleillĂ©e de la Lune

nasa
Crédits : NASA

L’Observatoire stratosphĂ©rique d’astronomie infrarouge (SOFIA) de la NASA a confirmĂ©, pour la première fois, la prĂ©sence d’eau sur la surface ensoleillĂ©e de la Lune. Une excellente nouvelle pour le futur de l’exploration humaine de notre satellite.

Ce vendredi la NASA nous avait « teasé » une « dĂ©couverte passionnante Ă  propos de la Lune » signĂ©e de l’Observatoire stratosphĂ©rique pour l’astronomie infrarouge (SOFIA). Il s’agit d’un tĂ©lescope infrarouge aĂ©roportĂ© dĂ©veloppĂ© par l’agence amĂ©ricaine et l’agence spatiale allemande dans les annĂ©es 2000.

« En tant que plus grand observatoire aĂ©roportĂ© du monde, SOFIA est installĂ© dans un 747 modifiĂ© capable de voler Ă  une altitude comprise entre 12 000 et 13 000 mètres, soit au-dessus de 99% de la vapeur d’eau obscurcissante de l’atmosphère, de manière Ă  permettre une vue claire sur l’univers et autres objets de notre système solaire« , explique la NASA.

L’Observatoire s’est donc rĂ©cemment focalisĂ© sur un objet beaucoup plus près de chez lui : notre satellite. Mais qu’a t-il dĂ©couvert ? Ce lundi, Paul Hertz, directeur de la division d’astrophysique au siège de la NASA (Washington), Jacob Bleacher, des missions d’exploration et d’exploitation humaines de la NASA, et Naseem Rangwala, scientifique du projet pour la mission SOFIA, ont finalement « lâché » le morceau.

De l’eau dans un cratère ensoleillĂ©

L’Observatoire a en effet dĂ©tectĂ© des molĂ©cules d’eau (H2O) dans le cratère Clavius, l’un des plus grands cratères visibles de la Terre, situĂ© dans l’hĂ©misphère sud de la Lune, vient de faire savoir l’agence.

Des observations antĂ©rieures avaient dĂ©jĂ  suggĂ©rĂ© sa prĂ©sence, mais les chercheurs n’avaient jusqu’Ă  prĂ©sent pas Ă©tĂ© en mesure de faire la distinction entre l’eau et son proche parent chimique, l’hydroxyle (OH).

D’après les nouvelles donnĂ©es de SOFIA, l’eau glacĂ©e serait ici prĂ©sente Ă  des concentrations de 100 Ă  412 parties par million, emprisonnĂ©e dans un mètre cube de sol rĂ©parti sur la surface lunaire. Ă€ titre de comparaison, la NASA relève que le dĂ©sert du Sahara abrite cent fois plus d’eau que ce que SOFIA a dĂ©tectĂ©.

« Nous avions des indications que H2O – l’eau familière que nous connaissons – pourrait ĂŞtre prĂ©sente du cĂ´tĂ© ensoleillĂ© de la Lune« , a dĂ©clarĂ© Paul Hertz, directeur de la division d’astrophysique Ă  la direction des missions scientifiques au siège de la NASA Ă  Washington. « Maintenant, nous savons que c’est là ».

nasa
Cette illustration met en Ă©vidence le cratère Clavius ​​de la Lune avec des molĂ©cules H2O piĂ©gĂ©es Ă  l’intĂ©rieur. L’Observatoire stratosphĂ©rique pour l’astronomie infrarouge (SOFIA) est reprĂ©sentĂ© juste en-dessous. CrĂ©dits : NASA

Une présence qui intrigue

Cette nouvelle découverte soulèvent ainsi plusieurs questions intrigantes. Comment cette eau est-elle arrivée là ? Comment est-elle stockée ? Difficile à dire pour le moment.

« Sans atmosphère Ă©paisse, l’eau sur la surface lunaire ensoleillĂ©e devrait simplement ĂŞtre perdue dans l’espace », explique Casey Honniball, du Goddard Space Flight Center de la NASA Ă  Greenbelt, Maryland. « Pourtant, nous la voyons d’une manière ou d’une autre. Quelque chose gĂ©nère donc de l’eau et quelque chose doit l’emprisonner lĂ -bas« .

Plusieurs forces pourraient ĂŞtre en jeu. Des micromĂ©tĂ©orites transportant de petites quantitĂ©s d’eau pourraient, par exemple, la dĂ©poser sur la surface lunaire lors de l’impact. Une autre possibilitĂ© implique un processus en deux Ă©tapes, par lequel le vent solaire du Soleil fournit de l’hydrogène Ă  la surface lunaire, entraĂ®nant une rĂ©action chimique avec des minĂ©raux contenant de l’oxygène dans le sol pour crĂ©er de l’hydroxyle. Pendant ce temps, le rayonnement du bombardement de micromĂ©tĂ©orites pourrait transformer cet hydroxyle en eau.

Concernant le stockage, les chercheurs suggèrent que cette eau pourrait ĂŞtre piĂ©gĂ©e dans de minuscules structures en forme de perles dans le sol qui se forment Ă  cause de la chaleur Ă©levĂ©e crĂ©Ă©e par les impacts de micromĂ©tĂ©orites. Une autre possibilitĂ© est que l’eau puisse ĂŞtre cachĂ©e entre des grains de sol lunaire et Ă  l’abri de la lumière du soleil.

Reste également à déterminer si cette eau sera facilement accessible pour une utilisation en tant que ressource. Pour rappel, la NASA prévoit de renvoyer des astronautes sur place dès 2024, mais ambitionne également une exploration durable de la Lune. Rappelons néanmoins que les volumes d’eau impliqués dans ces travaux restent limités. L’astronome Jessica Sunshine, qui s’est exprimée pendant la conférence, a en effet souligné que si l’on récoltait toutes les molécules d’H2O présentes à la surface lunaire sur une zone de la taille d’un terrain de football américain, on obtiendrait moins d’un litre d’eau.