Pendant toute la durée des Jeux olympiques de Paris 2024, le Muséum national d’histoire naturelle (MNHN) va diffuser chaque matin un épisode de sa série « Les Athlètes de la nature » qui propose une comparaison entre les performances d’animaux (ou même de végétaux) avec celles de sportifs de haut niveau qui participent à cet évènement dans la capitale française. Ces capsules, diffusées sur YouTube et sur France Télévisions, permettent ainsi de mettre en lumière les capacités extraordinaires de la faune et de la flore et d’attirer l’attention du public sur la préservation de cette biodiversité capable d’exploits extraordinaires.
Cette série soulève des questions passionnantes : si les animaux pouvaient participer aux JO, ne laisseraient-ils vraiment aucune chance aux humains ? Rafleraient-ils toutes les médailles d’or et les plus hautes places sur le podium lors de ces épreuves ? En partant du principe qu’il serait possible de les entraîner à réaliser les épreuves, voici celles où ils ne laisseraient aucune chance aux sportifs et celles où l’humain dominerait.
Ces sports où les animaux pourraient battre les humains aux Jeux olympiques
Les épreuves de course aux Jeux olympiques
Au Panthéon des animaux terrestres les plus rapides, le guépard s’impose comme un adversaire difficile à battre. Des recherches ont en effet démontré que ces félidés véloces peuvent atteindre une vitesse moyenne de 29 m/s mesurée au cours de trois essais sur une course de 200 m. Relevons toutefois que ces mammifères excellent dans les courtes distances. Lorsqu’ils n’arrivent pas à attraper une proie dans la nature, ils peuvent en effet vite abandonner au profit d’une autre. Ainsi, au 100 m ou au 200 m, la compétition n’existerait même pas face à eux.
Au-delà, les humains pourraient déjà avoir plus l’espoir de gagner. Nos ancêtres préhistoriques étaient des champions de l’endurance à la chasse. En effet, s’ils n’étaient certes pas aussi rapides que les proies qu’ils chassaient, ils les poursuivaient inlassablement jusqu’à ce qu’elles fatiguent, ce qui leur permettait de les abattre. Et cette endurance fait partie des traits qu’ils nous ont légués. Néanmoins, au cours du marathon de Llanwrtyd Wells (Pays de Galles) qui oppose chaque année des centaines humains et des douzaines de chevaux sur 35 km, ces équidés ont gagné presque chaque année (sauf en 2004 et en 2023), même si les humains étaient parfois assez proches de les battre.
Quant aux zèbres, ils peuvent soutenir une allure constante sur de plus grandes distances (une vingtaine de kilomètres) et à une vitesse qui leur permettrait de battre les meilleurs sprinters. Il est donc facilement envisageable pour eux de dépasser les humains sur une course de 400 ou 10 000 mètres. Les impalas pourraient enfin être des compétiteurs redoutables sur des distances moyennes.
Les épreuves de natation
Heureusement pour les humains, la grenouille pourrait participer aux épreuves de brasse, mais n’aurait aucune chance au 100 m même si elle pouvait supporter le chlore dans l’eau des piscines olympiques. Malgré tout, l’eau n’est pas notre élément naturel. À l’exception des épreuves de nage papillon, plusieurs animaux pourraient donc ici ravir quelques précieuses médailles.
Bien qu’il ne soit pas le nageur le plus rapide dans l’océan, le manchot papou reste par exemple très rapide avec ses 35 km/h sous l’eau. En outre, il peut aussi passer du temps hors de l’eau, ce qui lui permettrait de participer aux épreuves comme n’importe quel sportif… à condition que l’eau ne soit pas trop chaude à son goût. C’est donc un avantage certain sur les poissons et les cétacés qui battraient certes les nageurs à plate couture en nage libre… mais qui ne pourraient pas atteindre le lancement de l’épreuve hors de l’eau. Enfin, entraînés au dos crawlé (des mouvements qu’ils adoptent parfois à peu près dans l’eau), les phoques pourraient aussi réussir à battre les nageurs.
Les épreuves de saut aux JO
Ici encore, les humains n’auraient aucune chance de gagner, que ce soit au saut en longueur ou lors de l’épreuve de saut en hauteur. Les kangourous et les impalas peuvent en effet tous deux atteindre les trois mètres de hauteur et les dix mètres en longueur sans même avoir besoin de s’entraîner pour réaliser ces exploits dans la nature. En admettant que l’on puisse amener ces animaux nerveux à participer à l’épreuve, ils ne laisseraient donc aucune chance aux athlètes. Toutefois, le champion toutes catégories resterait le pétrogale. Moins connu que les deux autres, il a été observé atteignant dix mètres de hauteur et deux de longueur en un seul saut. Placé dans les mêmes conditions que les athlètes (avec la course pour se lancer, l’entraînement, etc.), il survolerait donc la barre, le sable et la compétition sans effort.
L’haltérophilie
Notre cerveau est peut-être très développé, mais il n’en va pas de même pour nos muscles. Aussi, si toutes les espèces étaient invitées à participer, nous n’aurions tout simplement là encore aucune chance de gagner, car les animaux sont très forts. Capables de soulever 9 000 kg, les éléphants de la savane se hisseraient facilement à la première place en portant en une seule fois le poids suffisant pour permettre aux hommes comme aux femmes de se hisser sur le podium. Et si les histoires de chimpanzés capables de porter des charges plus élevées que l’humain ont depuis été réfutées, il n’en reste pas moins que ces animaux très proches de nous pourraient gagner chez les poids légers tandis que l’orang-outan, capable de porter 225 kg, pourrait gagner chez les poids moyens.
Enfin, notez que certains insectes peuvent porter plusieurs fois leur poids. La fourmi peut par exemple soulever jusqu’à 60 fois son poids, ce qui, rapporté à taille humaine, lui permettrait de porter jusqu’à 9 000 kilogrammes. Si l’on regarde du côté des poids plumes et des charges portées considérées en relation avec le poids, les scarabées auraient aussi de bonnes chances de s’imposer, même si la compétition ferait ici rage entre le bousier et les Dynastinae, deux coléoptères massifs qui rivalisent de force. Toutefois, ces considérations sur des animaux qui ne font que quelques grammes et donc hors catégorie n’influeraient pas sur la compétition en l’état des choses.
L’escalade
En descendant de l’arbre, l’humain a dû abandonner une bonne partie de ses précieuses compétences de grimpe. Sur les différentes épreuves d’escalade, l’orang-outan, le pétrogale ou même la chèvre des montagnes domineraient donc sans problème. La seule chance pour les sportifs de gagner serait l’épreuve d’escalade en tête ou d’escalade de vitesse avec l’usage de cordes qui compliqueraient l’effort pour ces animaux. Seuls les singes pourraient alors y participer et espérer potentiellement gagner.
Les sports de combat aux Jeux olympiques : difficile de savoir qui gagnerait
Si certains animaux sont effectivement plus forts que nous, pour des raisons qui semblent plutôt évidentes, peu de chercheurs se sont heurtés à des recherches sur la question de savoir qui ferait le meilleur combattant. On peut cependant imaginer en toute objectivité que les animaux les plus forts risqueraient de laisser peu de chance aux lutteurs professionnels.
L’exemple du kangourou est ici très parlant pour évoquer les limites de ces discussions. L’animal est connu pour être un boxeur dans la nature à tel point qu’il est devenu un temps l’emblème non officiel de l’équipe australienne dans les années 80, affublé alors de gants de boxe pour mieux le mettre en scène. Néanmoins, dans les faits, ces animaux se servent peu de leurs pattes avant pour boxer, préférant les utiliser pour attraper leurs proies tout en essayant de les éventrer avec leurs griffes, ce qui leur vaudrait à coup sûr une disqualification selon les règles de Queensbury.
De nombreuses disciplines bannissent aussi certains mouvements et certaines prises lors des Jeux olympiques. Et si un chimpanzé n’aurait pas besoin de tels mouvements pour gagner (ses muscles étant au moins 35 % plus forts que ceux des humains), il faudrait avoir l’assurance qu’il sera suffisamment entraîné pour ne pas les utiliser et qu’il ne risquera pas de mordre ou de griffer quand il se fera clouer au sol par un champion très talentueux. Or, rien n’est moins sûr…
Mais alors, y a-t-il des épreuves des Jeux olympiques où les humains pourraient se démarquer ?
Pour plusieurs sports, la dextérité est un élément clé. Or, si l’on ne doute pas que des chimpanzés ou des éléphants puissent tenir une raquette de badminton, nul doute que leur performance serait loin d’égaler celle des humains, sans compter qu’ils risqueraient de rapidement perdre leur concentration, se lasser et donc abandonner. Le tir sportif, le tir à l’arc, le golf, le canoë et le cyclisme sont également des épreuves où les humains auraient toutes leurs chances de briller sans trop craindre la concurrence à poils, à plumes ou à écailles en face d’eux.
Et s’il est plutôt amusant d’essayer d’imaginer l’effet d’un gorille enragé dans l’équipe adverse sur une équipe, la coordination nécessaire avec un ballon est un aspect qui pourrait vite pêcher du côté de nos amis les animaux. Par ailleurs, même si certains d’entre eux sont connus pour travailler en groupe au moment de chasser (loups, lions, etc.), passer 90 minutes à se passer la balle et essayer de la faire passer dans un filet pourrait être une tout autre paire de manches. Les sports de balle pourraient ainsi aussi sourire aux humains.
Une part de subjectivité aux Jeux olympiques, mais des résultats sans appel
Break dancing, gymnastique, plongeon, natation artistique… pour ces disciplines très appréciées, il y a une part de subjectivité liée aux biais des juges. Et d’ici que des animaux puissent s’attribuer des 10/10, on peut s’imaginer que les humains seraient plus tentés de donner la médaille à d’autres humains, même si les dauphins feraient assurément de bons champions de natation synchronisée et que la saltique, une araignée acrobate très agile, ferait une formidable danseuse de breaking.
Finalement, si l’on prend en compte toutes les épreuves ainsi que les petites variabilités possibles çà et là, sur les 329 médailles d’or à la clé, plus de 200 iraient finalement aux humains.