Une ancienne forêt du Gondwana est en cours de création en Australie

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Des chercheurs australiens créent une « banque de semences vivantes » pour aider à protéger les forêts contre les futurs changements climatiques. Crédits : Lea Scaddan

En réponse à la menace croissante du changement climatique sur les forêts tropicales, des chercheurs australiens ont entrepris la construction d’une banque de graines vivantes pour protéger les derniers fragments de forêt tropicale du continent. L’objectif de cette initiative est de préserver des arbres anciens dont les racines remontent à l’époque du supercontinent Gondwana qui existait avant la séparation des continents actuels il y a des centaines de millions d’années.

Un héritage du Gondwana en péril

Historiquement, la forêt tropicale de Big Scrub, en Australie, s’étendait sur 75 000 hectares dans l’est du pays. Cependant, des siècles d’empiètement humain, de déforestation et d’incendies de forêt ont réduit cette luxuriante forêt tropicale à seulement 1 % de sa superficie d’origine. Aujourd’hui, la hausse des températures et les sécheresses menacent encore davantage les fragments restants. Ces parcelles de forêt, désormais plus petites, abritent une diversité d’arbres en déclin, ce qui rend les espèces plus vulnérables aux changements climatiques et aux maladies.

Parmi les espèces les plus menacées figurent le Carabeen rouge (Karabina benthamiana) et le Carabeen jaune (Sloanea woollsii), des arbres anciens issus de lignées datant de plus de 50 millions d’années, à l’époque où l‘Australie était encore rattachée à l’Antarctique. Ces arbres de la canopée, qui peuvent atteindre respectivement 35 et 50 mètres de haut, jouent un rôle crucial dans la structure de la forêt en fournissant habitat et ressources alimentaires pour de nombreuses espèces animales et végétales.

La perte continue de ces fragments forestiers ne menace pas seulement les espèces de plantes, mais également l’ensemble des écosystèmes qui en dépendent. Avec une diversité d’arbres en déclin, les risques de maladies et d’invasions par des espèces exotiques augmentent, ce qui rend ces écosystèmes encore plus fragiles face aux aléas climatiques.

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Forêt tropicale de Gondwana au parc national de Dorrigo, Nouvelle-Galles du Sud. Crédits : Posnov

Science et sauvegarde : une initiative innovante

Dirigé par l’association à but non lucratif Big Scrub Rainforest Conservancy, le projet « Science Saving Rainforests » vise à sélectionner 60 espèces de plantes essentielles à la conservation de ces forêts tropicales, y compris celles héritées du Gondwana. Pour ce faire, les chercheurs ont collecté de l’ADN à partir d’échantillons de feuilles provenant de diverses populations de ces plantes afin de constituer le génome de chaque espèce.

En analysant ces données génomiques, les scientifiques peuvent identifier des populations végétales qui présentent une diversité génétique optimale, notamment celles capables de mieux s’adapter aux conditions climatiques extrêmes. Cette approche innovante permet de maximiser les chances de survie des espèces menacées dans un environnement en constante évolution.

Actuellement, ces plantes candidates sont multipliées et cultivées dans une plantation de recherche de quinze hectares en Nouvelle-Galles du Sud, surnommée la banque de semences vivantes. Dans environ cinq ans, ces arbres seront prêts à être replantés dans les parcelles restantes de forêt tropicale. L’objectif ultime sera alors de recréer des écosystèmes dynamiques qui favorisent la biodiversité et renforcent la résilience face aux défis climatiques, tout en préservant l’héritage botanique du Gondwana.

Ce projet n’est pas seulement un effort de conservation, mais aussi un modèle pour d’autres initiatives à travers le monde. En combinant science génétique et techniques de reforestation, il offre en effet une approche proactive pour restaurer des écosystèmes menacés. En intégrant des espèces adaptées aux futures conditions climatiques, les chercheurs espèrent créer des forêts capables de s’épanouir dans un climat changeant.