La Russie présente « Amur », sa fusée réutilisable (et elle nous semble familière)

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Crédits : Roscosmos

L’agence spatiale russe Roscomos vient de présenter « Amur », son nouveau projet de lanceur moyen dont le premier étage sera réutilisable. En apparence, la fusée ressemble beaucoup au Falcon 9 de SpaceX.

Depuis quelques années SpaceX révolutionne le marché de l’aérospatial en baissant le prix des mises en orbite grâce à la récupération et réutilisation des premiers étages de son lanceur moyen : le Falcon 9, que tout le monde connaît désormais. Depuis, d’autres agences publiques et privées s’essayent à développer des structures similaires. Nous savons notamment que la Chine travaille sur son propre booster réutilisable, tout comme la société d’État russe Roscosmos qui nous a dévoilé ce mercredi son projet « Amur ».

Une fusée « familière »

D’aspect extérieur, ce lanceur Amur ressemble en effet étrangement au Falcon 9, avec notamment une coiffe plus large que le noyau central de la fusée en son sommet. Celle de SpaceX est en revanche un peu plus grande : 5,2 m de diamètre contre 4,1 m de diamètre pour la coiffe russe. Les deux fusées présentent également un ensemble d’ailettes en grille au sommet du premier étage et de jambes d’atterrissage à la base.

Amur sera un lanceur moyen propulsé par cinq nouveaux moteurs RD-169 pas encore développés qui brûleront du méthane. À titre de comparaison, les neuf moteurs Merlin de la Falcon 9 brûlent de leur côté un mélange d’oxygène liquide et de RP-1 (une forme de kérosène). Il sera a priori capable de livrer un peu plus de dix tonnes de charge utile en orbite terrestre basse (contre 22,8 tonnes pour SpaceX).

Tarifs et lancements

Côté tarifs, il faut débourser en moyenne 61,2 millions de dollars pour se payer les services de SpaceX et de sa Falcon 9, alors que le prix d’un lancement est en moyenne de 92 millions de dollars chez ses concurrents, selon un rapport de la FAA, l’agence fédérale américaine de l’aviation. Avec sa fusée Amur, Roscosmos vise un prix bas de seulement 22 millions de dollars.

Côté lancement, rappelons que la Falcon 9 décolle généralement depuis cap Canaveral, en Floride, avant d’atterrir sur son site de lancement ou sur un drone positionné en mer, au large des côtes. Le booster d’Amur sera quant à lui lancé depuis le cosmodrome de Vostochny, à l’est de la Russie. Il devrait normalement atterrir un peu plus en aval ou éventuellement sur un site à construire le long de la mer d’Okhotsk. Pour l’heure, il n’est pas question d’atterrir en mer, car elle est particulièrement agitée dans la région.

Enfin, Roscosmos a déclaré que chaque premier étage d’Amur sera conçu pour effectuer dix missions. Cela paraît ambitieux, dans la mesure où même SpaceX ne compte atteindre cet objectif qu’en 2021, et ce, après plusieurs années d’expérience.

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Une fusée Falcon 9 décolle de cap Canaveral (Floride) le mardi 6 octobre 2020. Crédits : SpaceX

Notez que cette fusée Amur ne serait pas prête à voler avant 2026. On ne sait pas non plus sur quel type de marché le booster se positionnera.

Sur Twitter, Elon Musk a commenté le projet développé par la Russie. L’entrepreneur a notamment salué « un pas dans la bonne direction« , conseillant à Moscou de viser une « réutilisabilité totale d’ici 2026« , ce que SpaceX devrait en effet proposer. Le but serait en effet de « minimiser le coût par tonne utile en orbite » au risque de se voir cantonner à un « marché de niche« , selon Musk.