Il y a 80 millions d’années nageaient des ammonites à taille humaine

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Crédits : anaterate/Pixabay

D’après une étude publiée dans PLOS One, il y a environ 80 millions d’années, des ammonites de taille humaine enroulées dans leur coquille évoluaient des deux côtés de l’Atlantique. Quant à savoir comment ces animaux ont pu couvrir autant de distance, les chercheurs s’interrogent encore, mais ils ont quelques pistes.

Les ammonites sont des mollusques céphalopodes ayant évolué du Dévonien, avant de disparaître peu après la crise Crétacé-Paléogène. On dénombre évidemment de nombreuses espèces, mais nous savons que la plus grande était Parapuzosia seppenradensis, représentée par un fossile de 1,74 m de diamètre découvert en 1895 près de Seppenrade, en Allemagne.

Bien que ce célèbre fossile maintenant exposé au Musée d’histoire naturelle de Münster ait été découvert il y a plus d’un siècle, peu de restes d’ammonites de taille similaire ont été depuis isolés jusqu’à récemment. Aussi, les paléontologues s’interrogent toujours sur le moment et la manière dont cette espèce a pu évoluer pour atteindre une taille aussi impressionnante.

Pour en savoir plus, des chercheurs du musée d’histoire naturelle de Eichstätt ont examiné 154 fossiles d’ammonites, dont plus de cent nouveaux fossiles découverts sur deux sites.

Des géants au Mexique…

Le premier site se situe à environ quarante kilomètres au nord de Piedras Negras, au Mexique. Dans un lit de rivière asséché, les chercheurs ont isolé pas moins de 66 spécimens, dont le géant P. seppenradensis. Les fossiles, qui dataient de 83,6 millions à 72,1 millions d’années, mesuraient entre 0,1 à 1,48 m de large et représentaient plusieurs étapes du cycle de croissance des ammonites. Ces différents stades de croissance étaient difficiles à étudier dans le passé en raison du manque de fossiles.

Grâce à ces nouveaux spécimens, les chercheurs ont pu constater que P. seppenradensis suivait un cycle de croissance distinct en cinq étapes au cours duquel sa coquille poussait régulièrement.

… mais aussi en Angleterre

Il s’est avéré que des ammonites de tailles comparables avaient également évolué au Royaume-Uni. L’équipe a en effet également découvert des dizaines de nouveaux spécimens géants près d’une falaise de craie blanche retrouvée dans le Sussex et à l’est du Kent. Tous dataient de la même époque.

« Autrement dit, ces géants se reproduisaient apparemment à peu près au même moment des deux côtés de l’Atlantique« , relève Christina Ifrim, principale auteure de l’étude. « Il devait y avoir un lien entre les populations des deux côtés, car elles montrent la même évolution , le même timing« .

Sur la base de ces analyses, les chercheurs ont également découvert que l’espèce aurait évolué à partir d’une espèce apparentée plus petite, Parapuzosia leptophylla, qui ne mesurait qu’un mètre de large environ. Les échantillons de ce parent, retrouvés également des deux côtés de l’Atlantique, dataient de la fin de l’âge du Santonien (86,3 millions à 83,6 millions d’années).

Enfin, tant en Angleterre qu’au Mexique, l’équipe a trouvé une concentration inhabituellement élevée de spécimens de taille adulte. Ils émettent alors l’hypothèse que ces ammonites géantes y terminaient leurs cycles de reproduction et mourraient peu de temps après comme le font certaines espèces modernes de calmars et de seiches.

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Un fossile d’ammonite découvert au Mexique. Crédits : Christina Ifrim

Deux grandes questions non résolues

Cette étude laisse tout de même deux autres questions en suspens : pourquoi ces ammonites sont-elles devenues si grosses en premier lieu et comment sont-elles apparues des deux côtés de l’Atlantique ?

Pour la première interrogation, les chercheurs pensent que ammonites ont peut-être été confrontées à une pression évolutive. À l’époque, ces animaux devaient en effet composer avec des prédateurs de premier plan tels que les mosasaures. Toutefois, ce n’est qu’une spéculation.

Pour ce qui est de la seconde question, les chercheurs ont moins d’idée, sachant que les ammonites étaient probablement des nageurs plutôt lents. Toutefois, Christina Ifrim suggère qu’il est possible que ces spécimens géants aient été capables de couvrir de grandes distances plus efficacement. Il n’est pas non plus exclu que ces animaux aient traversé l’océan au cours de leurs stades de croissance juvéniles, entraînés par les courants océaniques.