Depuis quelque temps, plusieurs entreprises se font concurrence pour mettre au point le tout premier navire embarquant des moteurs à l’ammoniaque. Dans cette course, une des principales sociétés minières d’Australie semble avoir un coup d’avance.
Mieux que l’hydrogène ?
L’alcali volatil, un des anciens noms de l’ammoniaque, représente une alternative verte crédible pour remplacer prochainement Diesel au niveau du transport maritime. Aucun CO2 n’est émis lors de sa combustion, mais surtout, son coût apparaît comme étant très intéressant. Effectivement, l’ammoniaque est bien moins onéreux que l’hydrogène que l’on présente souvent comme le carburant du futur.
Un peu de chimie. La molécule d’ammoniaque se constitue de trois atomes d’hydrogène, eux-mêmes liés à un atome central de nitrogène. Or, ces éléments se trouvent en abondance sur notre planète. L’avantage se trouve aussi au niveau du stockage de l’hydrogène, plus efficace lorsque le gaz se trouve à l’état pur.
Depuis quelques années, les constructeurs se concurrencent pour savoir qui sera le premier à présenter le tout premier bateau ayant recours à l’ammoniaque. Dans ce contexte, la société Fortescue Metals Group (FMG), une des plus importantes sociétés minières australiennes, semble faire la course en tête.
Une solution pas encore idéale
Comme l’explique New Atlas dans un article du 11 novembre 2021, FMG détient une filiale baptisée Fortescue Future Industries (FFI), dont l’objectif est de trouver des solutions vertes. FFI cherche notamment à convertir les moteurs du MMA Leveque (voir photo ci-après), un navire de transport de produits chimiques, pour l’équiper de moteurs à l’ammoniaque d’ici la fin de l’année 2022. Actuellement, le bateau de 75 mètres de long faisant la liaison entre la terre ferme et des plateformes de forage au large de l’Australie embarque quatre moteurs Diesel.
Au début de l’année 2021, FFI a réussi à utiliser un mélange intégrant de l’ammoniaque et un autre carburant afin d’alimenter le moteur d’une locomotive du navire. Cela a permis de « doper » l’ammoniaque afin de lui permettre de s’enflammer plus rapidement. L’alcali a toutefois des inconvénients, car si sa combustion n’émet pas de CO2, ce n’est pas le cas de sa production. Or, démocratiser l’ammoniaque dans le transport maritime devra absolument passer par une réduction des émissions en lien avec sa production.
Et si le prochain lancement de ce bateau à l’ammoniaque incarnerait une simple opération de greenwashing ? Il faut dire que le groupe FMG est spécialisé dans l’exploitation du minerai de fer, une industrie extrêmement polluante. À partir de ce constat, transformer un bateau afin de le rendre plus vert ne fera pas de cette société un modèle de respect de l’environnement. Effectivement, cette « démarche verte » devra aller beaucoup plus loin pour être crédible.