Aux États-Unis, des médecins du Northwestern Medicine à Chicago ont effectué la transplantation d’un rein sans anesthésie générale sur un jeune homme de 28 ans. Une procédure innovante a permis au patient de rester éveillé durant l’opération, marquant un tournant potentiel dans la manière dont les greffes de reins peuvent être réalisées à l’avenir.
Nouvelle percée
Le 24 mai, un certain John Nicholas est devenu le premier patient de l’hôpital à recevoir un rein sous anesthésie locale. Pendant l’opération, les médecins ont injecté un anesthésique dans le liquide céphalo-rachidien entourant la moelle épinière inférieure (anesthésie rachidienne ou spinale), combiné à une légère sédation pour assurer son confort. Celle-ci a permis de rendre le patient détendu et somnolent sans lui faire perdre connaissance durant tout le long de la procédure qui a duré moins de deux heures.
Cette méthode présente plusieurs avantages par rapport à l’anesthésie générale. Elle réduit en effet les risques de complications post-opératoires, notamment les effets temporaires sur la mémoire, la concentration et les réflexes. De plus, elle permet une récupération plus rapide. Le patient aurait ainsi quitté l’hôpital en moins de 24 heures, bien avant le délai habituel de plusieurs jours à une semaine pour les patients ayant subi une transplantation rénale sous anesthésie générale. Cette rapidité de rétablissement réduit également le risque d’infections nosocomiales (contractées à l’hôpital), mais aussi les coûts hospitaliers.
Le patient, qui souffrait de problèmes rénaux depuis l’âge de 16 ans, a même pu voir son nouveau rein avant qu’il ne soit implanté, un moment qu’il a décrit comme extrêmement puissant. Quelques semaines après l’opération, il se sentait remarquablement bien et faisait jusqu’à 10 000 pas par jour tout en profitant d’un régime alimentaire moins restrictif.

Implications futures
Cette nouvelle approche pourrait révolutionner la transplantation rénale en la rendant plus accessible à une gamme plus large de patients. Éviter l’anesthésie générale pourrait notamment être particulièrement bénéfique pour les personnes âgées, celles présentant des risques accrus de complications liées à l’anesthésie générale, ou encore celles souffrant de maladies cardiaques ou pulmonaires. De plus, cette méthode pourrait offrir une alternative pour les patients qui craignent l’anesthésie générale.
Selon le Dr Satish Nadig, l’un des chirurgiens ayant réalisé la transplantation, cette approche remet également en question le statu quo des transplantations rénales. Depuis la première greffe de rein humain réussie en 1954, peu de changements significatifs ont en effet été apportés aux protocoles standards. L’anesthésie locale et rachidienne, bien que déjà utilisée dans d’autres interventions chirurgicales majeures comme les arthroplasties et les césariennes, n’avait pas encore été couramment appliquée aux transplantations rénales.
