En Amazonie, les feux de forĂȘt perturbent la formation des nuages de pluie

foret incendies
Crédits : flickr.

Un ensemble d’observations effectuĂ©es en Amazonie par des chercheurs brĂ©siliens rĂ©vĂšle l’impact des incendies sur le dĂ©veloppement des nuages de pluie. Les rĂ©sultats ont rĂ©cemment Ă©tĂ© publiĂ©s dans la revue Communications Earth & Environment.  

Les processus qui dĂ©terminent la tempĂ©rature Ă  laquelle les gouttelettes d’eau nuageuses Ă©voluent en cristaux de glace restent assez mal connus. Si l’on sait depuis longtemps que l’eau ne gĂšle pas Ă  0 °C dans les nuages, mais reste parfois liquide jusqu’à des tempĂ©ratures de -30 °C, la multiplicitĂ© des interactions avec l’environnement naturel et urbain rend la question particuliĂšrement complexe.

Une campagne d’observation ciblĂ©e sur l’Amazonie

Pourtant, la composition des nuages participe activement au bilan Ă©nergĂ©tique planĂ©taire et au cycle de l’eau. En favorisant les prĂ©cipitations, les cristaux de glace diminuent par exemple la durĂ©e de vie des nuages, ce qui peut alors augmenter la quantitĂ© d’énergie solaire absorbĂ©e par la Terre et donc influencer le climat rĂ©gional, voire global.

Aussi, pour en savoir plus, un groupe de chercheurs a Ă©tudiĂ© quinze ans de donnĂ©es satellitaires, de cartes photomĂ©triques et de champs de rĂ©analyse atmosphĂ©rique au-dessus du bassin amazonien. L’objectif Ă©tait de mesurer avec prĂ©cision la tempĂ©rature de glaciation Ă  l’intĂ©rieur des nuages d’orage qui surplombent la forĂȘt tropicale. La pĂ©riode d’analyse s’Ă©tend de 2000 Ă  2014 et les rĂ©sultats obtenus sont Ă  la hauteur des espĂ©rances.

Amazonie aérosols
Variation de la tempĂ©rature de glaciation (axe vertical) en fonction de la quantitĂ© d’aĂ©rosols dans la colonne atmosphĂ©rique (axe horizontal). Les courbes de couleur indiquent des conditions plus sĂšches (rouge) ou plus humides (bleu) que la moyenne. CrĂ©dits : Alexandre L. Correia & coll. 2021.

Un couplage Ă©troit entre processus physiques et chimiques

Les rĂ©sultats montrent que cette tempĂ©rature est dĂ©terminĂ©e par la combinaison essentielle de trois facteurs : l’humiditĂ© de l’air, le rayonnement (solaire ou infrarouge) et les aĂ©rosols. Ces derniers sont des particules liquides ou solides en suspension dans l’air, exception faite des particules nuageuses. Quand arrive la saison des pluies entre dĂ©cembre et avril, ces aĂ©rosols sont essentiellement des pollens, des sels de mer, des micro-organismes ou des condensats de gaz Ă©mis par la vĂ©gĂ©tation (par exemple, les composĂ©s organiques volatils).

Toutefois, les scientifiques ont constatĂ© durant leur recherche qu’au moment de la saison des incendies, la charge d’aĂ©rosols provenant des feux changeait la tempĂ©rature de glaciation, et donc le fonctionnement interne des nuages de pluie. En conditions humides, les particules de fumĂ©e retardent le passage de l’eau en glace et la tempĂ©rature de glaciation devient par consĂ©quent plus froide. Inversement, en conditions relativement sĂšches, les fumĂ©es favorisent le processus de gel et augmentent ladite tempĂ©rature.

« L’influence des nuages sur le climat est trĂšs importante. C’est le sujet le plus complexe dans les modĂšles climatiques qui visent Ă  prĂ©voir ce qui se passera sur ce thĂšme Ă  l’avenir », rappelle Alexandre L. Correia, auteur principal de l’étude. « Aussi, toute amĂ©lioration de la connaissance du fonctionnement des nuages est une contribution majeure Ă  l’avancement de la science du climat ».