Un test sanguin prometteur pour le diagnostic de la maladie d'Alzheimer
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Alzheimer : une découverte majeure ouvre la voie à un diagnostic plus simple et précoce

La maladie d’Alzheimer est aujourd’hui l’une des plus grandes préoccupations en matière de santé publique. Elle touche des millions de personnes à travers le monde et reste à ce jour incurable. Bien que de nombreuses recherches aient été menées pour comprendre les mécanismes sous-jacents de cette affection neurodégénérative, son origine exacte demeure encore floue. Une étude récente menée par une équipe internationale de chercheurs apporte toutefois un nouvel éclairage sur la maladie. Les scientifiques ont en effet mis en évidence un dysfonctionnement dans la relation entre l’activité des neurones et l’apport sanguin au cerveau. Or, ce déséquilibre pourrait être une des causes majeures du développement d’Alzheimer, ce qui ouvre ainsi de nouvelles perspectives pour le traitement et le diagnostic.

Alzheimer : une maladie liée à un manque d’oxygène dans le cerveau ?

Le cerveau est un organe extrêmement gourmand en énergie. Bien qu’il ne représente que 2 % du poids total du corps humain, il consomme à lui seul près de 20 % de l’énergie disponible. Pour fonctionner correctement, il doit être alimenté en oxygène et en nutriments par le sang, un processus orchestré par ce que l’on appelle l’unité neurovasculaire. Ce système complexe assure l’adéquation entre l’apport sanguin et l’activité neuronale.

Dans le cas de la maladie d’Alzheimer, ce mécanisme semble perturbé. Les chercheurs suggèrent que les neurones ne reçoivent plus suffisamment d’oxygène, ce qui pourrait provoquer leur dégénérescence progressive. Cette hypothèse révolutionne la compréhension actuelle de la maladie qui était jusqu’ici principalement attribuée à l’accumulation de plaques de protéines bêta-amyloïdes dans le cerveau.

L’étude qui confirme cette théorie

Pour tester cette hypothèse, les scientifiques ont analysé les rythmes physiologiques de 39 participants, dont 19 étaient atteints d’Alzheimer. L’objectif était d’observer en détail les interactions entre l’activité cérébrale et le flux sanguin afin de détecter d’éventuelles anomalies.

L’expérience s’est appuyée sur plusieurs méthodes de mesure sophistiquées :

  • Des capteurs électriques et optiques placés sur le cuir chevelu pour enregistrer l’activité neuronale et l’oxygénation du cerveau.
  • Un électrocardiogramme (ECG) pour surveiller la fréquence cardiaque.
  • Une ceinture thoracique destinée à analyser les schémas respiratoires.

Les résultats ont révélé une incohérence frappante entre le flux sanguin et l’activité cérébrale chez les patients atteints d’Alzheimer. Cette absence de synchronisation suggère que l’unité neurovasculaire ne remplit plus correctement son rôle, ce qui pourrait être un facteur clé dans la progression de la maladie.

Un autre résultat inattendu a également retenu l’attention des chercheurs : les patients atteints d’Alzheimer présentaient une fréquence respiratoire significativement plus élevée que le groupe témoin. En moyenne, ces patients respiraient dix-sept fois par minute contre treize respirations par minute pour les personnes en bonne santé. Cette différence pourrait indiquer un stress métabolique qui aggrave encore le manque d’oxygène dans le cerveau.

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Crédits : Tero Vesalainen/iStock

Pourquoi est-ce une avancée majeure ?

Cette découverte pourrait changer en profondeur la manière dont la maladie d’Alzheimer est diagnostiquée et traitée. Jusqu’à présent, les méthodes de diagnostic reposaient principalement sur des tests cognitifs et des examens d’imagerie médicale souvent réalisés à un stade avancé de la maladie.

Grâce à ces nouveaux résultats, il pourrait devenir possible d’identifier Alzheimer beaucoup plus tôt, simplement en mesurant la cohérence entre l’activité neuronale et le flux sanguin. Cette approche présente plusieurs avantages. D’une part, elle est non invasive, car les capteurs utilisés ne nécessitent ni prise de sang ni biopsie. Elle est aussi simple et rapide (quelques minutes suffisent pour effectuer les mesures nécessaires). Enfin, elle est peu coûteuse. Comparée aux examens d’imagerie cérébrale, elle pourrait donc être plus accessible à un plus grand nombre de patients.

Au-delà du diagnostic, ces résultats ouvrent également la voie à de nouvelles pistes thérapeutiques. Si la maladie d’Alzheimer est en partie due à un mauvais apport en oxygène du cerveau, alors il pourrait être envisageable de développer des traitements pour améliorer la circulation sanguine cérébrale et restaurer l’équilibre neurovasculaire.

Un espoir pour l’avenir

Cette étude marque une étape importante dans la compréhension de la maladie d’Alzheimer. En identifiant un nouveau facteur clé dans son développement, elle permet d’imaginer des solutions plus précoces et plus efficaces pour diagnostiquer et peut-être un jour prévenir la maladie.

Les chercheurs espèrent désormais poursuivre leurs travaux afin d’affiner leurs résultats et d’explorer les applications cliniques de leur découverte. Une start-up pourrait même voir le jour pour développer cette technologie et la rendre accessible aux médecins et aux patients.

Bien que des recherches supplémentaires soient encore nécessaires, ces résultats apportent un nouvel espoir. La lutte contre Alzheimer est encore longue, mais chaque avancée scientifique rapproche un peu plus les chercheurs d’un traitement efficace.

Brice Louvet

Rédigé par Brice Louvet

Brice est un journaliste passionné de sciences. Ses domaines favoris : l'espace et la paléontologie. Il collabore avec Sciencepost depuis près d'une décennie, partageant avec vous les nouvelles découvertes et les dossiers les plus intéressants.