Parfois surnommĂ© le « nouveau pĂ©trole », le cuivre fait l’objet d’une demande en augmentation, une tendance qui sera la mĂŞme durant les prochaines dĂ©cennies. Toutefois, la pĂ©nurie guette, surtout que ce matĂ©riau est une composante importante des projets visant Ă atteindre les objectifs climatiques mondiaux.
Demande en hausse et pénuries à venir
Le cuivre est très prĂ©sent dans notre quotidien, notamment dans nos rĂ©seaux Ă©lectriques ainsi que dans nos objets connectĂ©s. L’ensemble des secteurs industriels mondiaux y a recours, sans oublier les technologies vertes. NĂ©anmoins, le cabinet S&P Global annonçait rĂ©cemment dans une Ă©tude que la demande en cuivre augmente et devrait mĂŞme doubler d’ici Ă 2035. Sans grande surprise, cela induirait alors d’importantes pĂ©nuries inĂ©dites Ă l’Ă©chelle globale.
Le cuivre pose question, car ce mĂ©tal est important pour la transition Ă©cologique. Quelques chiffres laissent malheureusement place au pessimisme, comme le fait qu’une voiture Ă©lectrique a besoin de quatre fois plus de cuivre qu’un vĂ©hicule Ă combustion. Citons Ă©galement les Ă©oliennes gĂ©antes dont la fabrication nĂ©cessitera plus de cinq mĂ©gatonnes de cuivre. Or, en cas de pĂ©nurie, le coĂ»t du mĂ©tal ne cessera d’augmenter.

Vers un nouveau genre de cuivre ?
Et si les futures pĂ©nuries de cuivre n’Ă©taient pas une fatalitĂ© ? Certains chercheurs spĂ©cialistes des matĂ©riaux mènent des recherches, notamment au Pacific Northwest National Lab (États-Unis), comme l’explique Wired dans un article du 14 juillet 2022. Au cĹ“ur de ces recherches, nous retrouvons un autre mĂ©tal : l’aluminium. L’objectif des scientifiques est en effet de confĂ©rer Ă ce matĂ©riau une conductivitĂ© qui n’existe pas pour l’instant.
Rappelons que le flux d’Ă©lectrons des mĂ©taux, des Ă©lectrons non rattachĂ©s Ă un atome en particulier, leur offre cette conductivitĂ© tant recherchĂ©e. Habituellement, les chercheurs tentent de purifier les mĂ©taux conducteurs afin d’optimiser les performances. Cependant, Keerti Kappagantula du Pacific Northwest National Lab tente de modifier leurs propriĂ©tĂ©s molĂ©culaires afin d’obtenir de nouvelles capacitĂ©s. Ainsi, en ayant recours a des nanotubes de carbones et du graphène, la scientifique tente de mettre au point un nouveau genre de cuivre en partant de l’aluminium.
Le fait est que si la conductivitĂ© lui fait pour l’instant dĂ©faut, l’aluminium a tout de mĂŞme des caractĂ©ristiques intĂ©ressantes. Il est bien moins onĂ©reux que le cuivre et est surtout plus facile Ă exploiter. Rappelons au passage que les rĂ©serves de cuivre sont de plus en plus difficiles d’accès.
Recours Ă la fabrication en phase solide
Les nanotubes de carbone et le graphène offrent une bonne conductivitĂ©. En revanche, il est obligatoirement question de se pencher sur la conception molĂ©culaire afin que les atomes puissent passer d’un matĂ©riau Ă un autre. Or, l’habituel procĂ©dĂ© de fabrication de l’aluminium comportant entre autres une Ă©tape de chauffe Ă plus de 1 000°C pourrait dĂ©tĂ©riorer, voire dĂ©truire le carbone que l’on tenterait d’y ajouter.
Ainsi, Keerti Kappagantula essaye d’autres techniques, comme la fabrication en phase solide. Ici, l’objectif est d’utiliser un procĂ©dĂ© ayant recours Ă la force et Ă des frictions afin d’intĂ©grer le carbone Ă l’aluminium sans dĂ©tĂ©rioration. Autrement dit, il s’agit de contrĂ´ler prĂ©cisĂ©ment la distribution molĂ©culaire des Ă©lĂ©ments de carbone dans le mĂ©tal. Le processus est long et les rĂ©sultats sont pour l’instant timides, bien qu’encourageants. Keerti Kappagantula tente progressivement de produire des pièces de plus en plus volumineuses. Alors que la pĂ©nurie est proche, ces recherches donnent de l’espoir bien que le chemin reste encore très long.