À seulement 4,25 années-lumière de la Terre, le système d’Alpha Centauri pourrait cacher des mondes bien plus fascinants qu’on ne l’imaginait. Une découverte récente suggère la présence d’une géante gazeuse dans sa zone habitable, et avec elle, la possibilité de lunes susceptibles d’abriter la vie. Si elle se confirme, cette exoplanète et ses satellites pourraient rappeler le monde fictif de Pandora, célèbre dans le film Avatar, offrant un lien surprenant entre science et science-fiction.
Une planète insaisissable
La planète potentielle, baptisée S1, aurait une taille comparable à celle de Saturne et orbiterait autour d’Alpha Centauri A, l’une des trois étoiles du système triple le plus proche de notre Soleil. Repérée pour la première fois par le télescope spatial James Webb (JWST) en août 2024, S1 s’est ensuite rendue difficile à observer. Lors de passages prévus en février et avril 2025, la géante gazeuse n’a pas été détectée, ce qui lui a valu le surnom de « planète en voie de disparition ».
Selon les chercheurs, qui publient leurs travaux dans les The Astrophysical Journal Letters, ce phénomène pourrait s’expliquer par l’orbite de S1 qui la placerait temporairement devant son étoile hôte, rendant sa détection plus complexe. D’après leurs calculs, la planète devrait redevenir visible en 2026 et 2027, période pendant laquelle la communauté scientifique pourra confirmer ou infirmer son existence. Si cela se produit, il s’agirait de la découverte la plus importante du JWST à ce jour.
Pourquoi Alpha Centauri fascine les scientifiques
Alpha Centauri est le système stellaire le plus proche de notre Soleil, et il a toujours suscité un intérêt particulier dans la recherche d’exoplanètes. Jusqu’à présent, seules deux planètes ont été confirmées dans ce voisinage cosmique, toutes deux autour de Proxima Centauri. La proximité d’Alpha Centauri alimente également l’imaginaire scientifique et populaire : depuis des décennies, l’idée de voyager vers ces étoiles pour y établir des colonies humaines reste un sujet captivant pour les scientifiques et les auteurs de science-fiction.

Un parallèle avec Pandora
L’attrait de S1 tient également à sa ressemblance avec le monde fictif de Pandora. Dans Avatar, Pandora orbite autour de Polyphème, une géante gazeuse du système Alpha Centauri, et abrite des formes de vie complexes sur sa lune. La géante S1 pourrait elle aussi posséder plusieurs lunes dans sa zone habitable, ce qui alimente les spéculations sur la présence de conditions propices à la vie.
Mary Anne Limbach, chercheuse en exoplanètes à l’Université du Michigan, estime que la formation de lunes autour d’une planète géante est un phénomène assez courant. Dans notre propre système solaire, Jupiter et Saturne possèdent des dizaines de satellites, dont certains sont considérés comme de bons candidats pour la recherche de vie extraterrestre, comme Europe, Ganymède ou Titan.
La taille des lunes et les chances de vie
Toutefois, la possibilité d’une Pandora réelle dépendra de la taille de ces lunes. Pour soutenir une atmosphère et éventuellement de l’eau liquide, une lune devrait avoir une masse significative, comparable à celle de Mars. Limbach se montre optimiste, tandis que d’autres chercheurs, comme David Kipping de l’Université Columbia, restent plus prudents : selon lui, une lune autour de S1 ne pourrait probablement atteindre que la taille de Titan, trop petite pour maintenir une atmosphère stable et favoriser le développement de la vie telle que nous la connaissons.
Ainsi, même si S1 possède plusieurs lunes, la probabilité d’y trouver un monde habitable à la manière de Pandora reste incertaine. Pour l’instant, l’existence de ces exolunes n’est qu’hypothétique.
Défis pour l’observation future
Identifier ces lunes sera un défi scientifique majeur. Les exolunes sont beaucoup plus petites et plus froides que les planètes qu’elles accompagnent, ce qui rend leur détection extrêmement difficile avec les instruments actuels. Il faudra probablement attendre plusieurs décennies et de nouveaux télescopes, bien plus puissants que le JWST, pour observer directement ces mondes et déterminer leur potentiel pour accueillir la vie.