Alpes : pourquoi doit-on s’inquiéter de la sécheresse ?

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Il y a peu, le président Emmanuel Macron a effectué une visite dans les Alpes afin de présenter son Plan Eau. À cette occasion, un magazine a interrogé une spécialiste locale sur la question de l’eau dans cette chaîne de montagnes qui incarne le « château d’eau » de l’Europe.

Un Plan Eau très attendu

Le 30 mars 2023, Emmanuel Macron se trouvait sur les rives du lac de Serre-Ponçon, dans les Hautes-Alpes, afin de présenter son Plan Eau. Ce plan est très attendu, car il est question d’une meilleure gestion de l’eau face à l’urgence climatique et aux risques de sécheresse plus que jamais présents.

Dans son discours, le président a mentionné une tarification progressive de l’eau afin d’inciter la population à la sobriété. L’objectif ? Garantir à tous les Français un accès à une eau potable de qualité pour les besoins essentiels. Il sera également question d’augmenter les budgets des agences de l’eau afin d’agir pour une adaptation aux conséquences du changement climatique. Par ailleurs, le chef d’État a rappelé qu’aujourd’hui, moins de 1% de l’eau usée est traitée pour être utilisée une seconde fois. Ainsi, il désire faire évoluer ce taux et atteindre les 10 % d’ici à 2030.

Au-delà des annonces d’Emmanuel Macron une question se pose : existe-t-il une problématique spécifique dans les Alpes concernant la sécheresse ? Le magazine GEO a interrogé Juliette Blanchet, chargée de recherche à l’Université Grenoble-Alpes et spécialiste en hydrométéorologie. Elle affirme que si la sécheresse touche toute la France, les Alpes représentent tout de même le « château d’eau » de l’Europe. En hiver, la neige est stockée dans les montagnes et plus tard dans la saison, permet un apport en eau douce en plus des précipitations.

fontaine source eau
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Une tension sur l’eau inévitable à court terme

Il faut savoir qu’une sécheresse dans les Alpes aura de fortes conséquences sur l’alimentation en eau douce. De plus, le problème concerne beaucoup plus les Alpes du Sud que les Alpes du Nord. En novembre 2021, la sécheresse a battu des records dans les Alpes du Sud, le dernier épisode de la sorte remontant aux années 1950. Néanmoins, la question de l’épuisement des nappes phréatiques n’est pas encore alarmante au plus haut point, malgré des niveaux assez bas. Concernant les prochains mois, la principale crainte concerne une éventuelle poursuite du manque de précipitations.

Juliette Blanchet a rappelé qu’une augmentation de la chaleur allait de pair avec l’évaporation de l’eau. Or, si les plantes ont besoin d’eau, les humains également. Pour la spécialiste, la sécheresse actuelle a un plus fort impact sociétal qu’auparavant. De plus, le château d’eau des Alpes perd en capacité dans le cas d’hivers où la neige n’est pas clairement au rendez-vous, ce qui s’est dernièrement produit. Or, ce paramètre entre plus fortement en compte que la fonte des glaciers qui n’a vraiment pas évolué ces dernières années. Au passage, Juliette Blanchet déplore l’absence de recherches concernant l’impact de la fonte des glaciers sur les nappes phréatiques.

La chercheuse affirme ne pas avoir connaissance du contenu du Plan Eau du gouvernement. En revanche, celle-ci salue l’arrivée d’une réponse politique au problème alors qu’une tension sur l’eau semble inévitable à court terme. Celles-ci sont d’ailleurs déjà présentes et sont également en lien avec l’évolution des usages. En effet, si l’agriculture reste le secteur utilisant le plus d’eau en France et donc dans les Alpes, la consommation des industries, notamment en microélectronique à Grenoble, tend à augmenter.