Pollen : le changement climatique prolonge la saison des allergies

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Les résultats d’une étude publiée le lundi 8 février montrent que la saison pollinique en Amérique du Nord s’est considérablement allongée en trente ans. La concentration de pollen a également évolué, en partie à cause d’un climat plus chaud.

Les pollens représentent les éléments reproducteurs mâles des plantes, libérés pour permettre la fécondation. On en distingue deux types. Il y a d’une part les pollens dits « entomophiles », transportés de fleur en fleur par les insectes. Et d’autre part, il y a les pollens dits « anémophiles » qui sont les principaux responsables des réactions allergiques.

Ces derniers sont en effet émis en grande quantité par la végétation et peuvent être dispersés par le vent sur des dizaines de kilomètres. Leur petite taille leur permet également de pénétrer facilement les voies aériennes. On estime que l’allergie aux pollens concerne environ un Français sur quatre. Les véritables causes de ces allergies ne sont pas réellement connues. Toutefois, le bagage génétique constituerait un facteur assez important.

En règle générale, la saison pollinique commence au début du printemps et se déroule pendant l’été pour se terminer au début de l’automne. Néanmoins, de nombreuses personnes souffrant d’allergies ont le sentiment que les choses empirent avec le temps. On observe effectivement une sensibilité croissante avec l’âge. Toutefois, le Dr William Anderegg, de l’Université de l’Utah, pensait qu’il pourrait y avoir un autre facteur en jeu : le changement climatique.

Plus de pollen et une saison plus longue

Dans le cadre d’une étude, il a examiné avec son équipe les données des stations de comptage pollinique à travers les États-Unis et le Canada, allant de 1990 à 2018. Les chercheurs ont alors constaté plusieurs choses. Déjà, la concentration de pollen avait augmenté de 21% au cours de cette période. Cette concentration a également plus évolué là où les températures ont augmenté le plus rapidement.

Par ailleurs, les auteurs ont constaté que la saison pollinique semble aujourd’hui commencer environ vingt jours plus tôt en moyenne en comparaison du début des années 90 pour finir environ dix jours plus tôt. Autrement dit, elle dure en moyenne dix jours de plus qu’il y a trente ans.

Bien que ces changements aient été observés partout, des régions comme le Texas et le Midwest américain ont connu les plus fortes augmentations de pollen total au cours de ces années. « Un certain nombre d’études à plus petite échelle, généralement dans des serres sur de petites plantes, avaient indiqué des liens étroits entre la température et le pollen« , souligne Anderegg dans un communiqué. « Cette étude révèle cette connexion à l’échelle continentale« .

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Pour les auteurs, le changement climatique pourrait ne pas être l’unique facteur permettant d’expliquer ces observations. Toutefois, selon leur modèle, il est probable que le changement climatique soit tout de même responsable d’environ la moitié des jours supplémentaires observés au cours de cette période, ainsi que de 8% de la concentration supplémentaire de pollen. Enfin, ils ont également constaté que le changement climatique influait davantage sur la saison pollinique au fil des années.

Autrement dit, « il est probable que le changement climatique ait encore plus d’impact sur les saisons polliniques et la santé respiratoire dans un proche avenir« , conclut William Anderegg.