Un essai clinique de phase 1 mené par des chercheurs de l’Université Virginia Commonwealth (États-Unis) révèle que les transplantations de certaines bactéries intestinales pourraient soulager les troubles de la dépendance, dont l’alcoolisme.
L’idée que les greffes microbiennes fécales (FMT) peuvent améliorer la santé humaine n’est pas nouvelle. Néanmoins, l’intérêt pour ces transplantations a augmenté au cours de ces dernières années à mesure que nous prenions conscience de l’importance du microbiome intestinal pour notre organisme.
Récemment, des chercheurs ont entamé un essai clinique visant à rétablir, par le biais de greffes de selles, la composition microbienne contenue dans les intestins des patients atteints du cancer colorectal. Dans le cadre de ces travaux, toujours en cours, les chercheurs se sont focalisés sur un microbe en particulier – Fusobacterium nucleatum. Ce dernier semble en effet plus répandu dans les tissus des patients cancéreux que chez les personnes en bonne santé.
Soigner les troubles de l’alcoolisme
Ceci dit, une équipe de l’Université Virginia Commonwealth (États-Unis) s’est de son côté concentrée sur la relation entre le microbiome intestinal et la dépendance. Plus précisément, les auteurs ont cherché à savoir si une FMT pouvait influencer ou non le comportement de consommation d’alcool chez les sujets souffrant d’alcoolisme sévère.
Des études antérieures faites sur des animaux ont indiqué que la FMT peut effectivement améliorer les comportements négatifs induits par l’alcool. Cette nouvelle recherche, en revanche, est le premier essai robuste contrôlé par placebo chez l’Homme. Les détails de ces travaux sont publiés dans la revue Hepatology.

Un essai prometteur
Pour cet essai, les chercheurs ont recruté 20 sujets au milieu de la soixantaine présentant un trouble lié à la consommation d’alcool. Tous étaient de sexe masculin, et souffraient d’une cirrhose du foie liée à l’alcool. Sur cet échantillon, la moitié a reçu un placebo, tandis que l’autre a profité d’une transplantation de selles chargées en Lachnospiraceae et Ruminococcaceae. Ces deux types de bactéries intestinales sont en effet observées à de faibles niveaux chez les patients souffrant d’alcoolisme.
Les chercheurs ont ensuite évalué plusieurs facteurs physiologiques et comportementaux chez chacun des sujets à quinze jours et six mois.
Résultat : neuf des dix patients qui ont reçu la greffe bactérienne ont eu des envies réduites de boire de l’alcool (et même de fumer) au bout de quinze jours. Et, de ce fait, tous ont moins bu d’alcool. À l’inverse, seulement trois des dix sujets placebo ont affiché des niveaux d’amélioration similaires.
Encore une fois, il ne s’agit ici que d’une étude préliminaire. Les chercheurs insistent donc sur le fait qu’aucune conclusion ne peut, à ce stade, être tirée. Dans le cadre d’un essai de phase I, le principal objectif est de s’assurer que le traitement est sûr pour les sujets. Ce qui est le cas ici.
« Nous concluons dans cet essai de phase 1 que la FMT chez les hommes atteints de cirrhose est sans danger. Nous soulignons également qu’elle est associée à une réduction de l’envie et de la consommation d’alcool à court terme, avec un changement microbien bénéfique », écrivent les auteurs. « Cette recherche préliminaire pourrait être une lueur d’espoir pour les personnes atteintes de maladies liées à la dépendance ».