La Terre a perdu de son éclat au cours des vingt dernières années

Terre
Crédits : CC0 Public Domain.

Les mesures de l’albédo de notre planète montrent que cette dernière s’est assombrie au cours des vingt dernières années. Cette tendance permet à plus d’énergie solaire d’entrer dans le système climatique, y ajoutant un surplus de chaleur. Les résultats ont récemment été publiés dans la revue scientifique Geophysical Research Letters.

L’albédo caractérise le pouvoir réfléchissant d’une surface ou d’un objet. Dans le cas de la Terre, il quantifie la part du rayonnement solaire incident renvoyé vers l’espace. Actuellement, l’albédo planétaire vaut 0,3, c’est-à-dire que 30 % de l’énergie arrivant au sommet de l’atmosphère ne sert pas au fonctionnement du système climatique.

Or, selon de récents travaux, la capacité de la Terre à réfléchir le rayonnement entrant a diminué de façon notable au cours des deux dernières décennies. En effet, entre 1997 et 2017, l’albédo a baissé de sorte à exercer un chauffage supplémentaire de 0,5 W/m². Pour prendre une référence, le chauffage additionnel lié à l’augmentation anthropique des gaz à effet de serre sur la même période avoisine les 0,6 W/m².

Par ailleurs, les chercheurs rapportent que la diminution apparaît tout particulièrement au cours des années les plus récentes. « La baisse de l’albédo a été une surprise pour nous lorsque nous avons analysé les données des trois dernières années après dix-sept ans d’albédo presque stable », relate Philip Goode, auteur principal du papier.

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Anomalies de rayonnement réfléchi (en W/m²) entre 1998 et 2017 (observations directes, gris) et 2001 et 2019 (observations satellitaires, bleu). Crédits : P. R. Goode & coll. 2021.

Baisse de l’albédo planétaire, une origine encore incertaine

Si la période d’étude est trop courte pour lier de façon simple cette évolution au changement climatique, on peut néanmoins souligner qu’elle n’est pas due à la variation de l’énergie émise par le soleil. Ainsi que le détaillent les auteurs dans leur papier, elle correspond en fait à une diminution de la couverture de nuages bas à l’est du Pacifique tropical.

En effet, les données satellites acquises par le système CERES de la NASA (Clouds and the Earth’s Radiant Energy System) montrent que la raréfaction de ces formations réfléchissantes a permis à plus d’énergie d’entrer dans le système climatique. Cette fluctuation de la couverture nuageuse est a priori liée à l’oscillation décennale du Pacifique (PDO pour l’acronyme anglais) qui a récemment amené un réchauffement des eaux orientales.

La PDO est un phénomène naturel dont on ignore encore la façon dont il pourrait évoluer avec le dérèglement climatique. « Il n’est pas clair si ces changements résultent de la variabilité interne du climat ou font partie de la rétroaction aux forçages externes [c’est-à-dire aux perturbations apportées par les émissions de gaz à effet de serre] », notent à ce titre les scientifiques dans la conclusion de leur étude.