L’Alaska cacherait un énorme système volcanique

alaska
Crédits : John Lyons / USGS

Une équipe de géologues soupçonne la présence de plusieurs caldeiras interconnectées nichées au sud-ouest de l’Alaska. Ensemble, ces structures pourraient former un « super-volcan » similaire à celui de Yellowstone.

Les îles des Quatre Montagnes (IQM) sont un archipel volcanique situé le long de la chaîne des îles Aléoutiennes, dans le sud-ouest de l’Alaska (États-Unis). Vous y retrouverez six stratovolcans étroitement espacés, nommés Cleveland, Carlisle, Herbert, Kagamil, Tana et Uliaga. Parmi eux, Cleveland, qui culmine à plus de 1700 mètres, a été le plus actif au cours des deux dernières décennies, créant des nuages de cendres pouvant atteindre les 10 000 mètres d’altitude.

Dans le cadre d’une étude récente, des chercheurs de l’Alaska Volcano Observatory dirigés par le géologue John Power expliquent avoir découvert les preuves d’une « grande caldeira auparavant non reconnue » sous ce groupe d’îles.

Des mesures de sismicité et de gravité (qui indiquent la densité des roches enfouies) et l’analyse de dépôts géologiques, des émissions de gaz et autres tendances structurelles, laissent en effet à penser que plusieurs chambres souterraines remplies de magma sont interconnectées à la manière de celles retrouvées sous le Parc national de Yellowstone.

Concrètement, les stratovolcans Carlisle, Cleveland, Herbert, Kagamil, Tana et Uliag se présenteraient ainsi comme les évents interconnectés d’un gigantesque volcan caché en dessous. Si tel est le cas, il s’agirait du premier volcan entièrement submergé des Aléoutiennes. Sa présence pourrait d’ailleurs expliquer pourquoi le stratovolcan Cleveland éclate si souvent.

alaska
Carte de localisation des îles des quatre montagnes dans l’arc des Aléoutiennes. Les points rouges positionnent également les zones approximatives des caldeiras connues le long de l’arc. Crédits : John Power / USGS

Une menace potentiellement très sérieuse à ne pas sous-estimer

Les caldeiras sont connues pour produire certaines des éruptions les plus catastrophiques de l’histoire de notre planète. Celle de Yellowstone est probablement la plus connue en raison de sa taille et de sa menace potentielle.

Selon l’Institut d’études géologiques des États-Unis, une catastrophe massive n’arrivera probablement pas avant 700 000 ans dans la région, mais le jour J, mieux vaudra ne pas se trouver dans les parages. La caldeira pourrait en effet déverser de la lave sur 40 à 65 km et produire de grandes quantités de cendres capables de perturber les climats de la planète entière.

Toutefois, il est peu probable que la nouvelle caldeira possiblement identifiée sous les îles des Quatre Montagnes corresponde à celle Yellowstone en termes de taille ou de menace. Néanmoins, il s’agit d’une découverte potentiellement très sérieuse à ne pas sous-estimer, selon le communiqué de l’AGU. Cette étude devra maintenant être renforcée par de nouvelles observations.

« Notre espoir est de retourner dans les îles des Quatre Montagnes et de regarder de plus près le fond marin, d’étudier les roches volcaniques plus en détail, de collecter plus de données sismiques et gravimétriques et d’échantillonner de nombreuses autres zones géothermiques« , conclut Diana Roman, géologue à la Carnegie Institution for Science à Washington.