Agro-alimentaire : plus du 3/4 des poules d’élevage ont des fractures

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Une récente étude danoise a livré une conclusion qui devrait faire bondir les défenseurs des animaux. Selon ces travaux, pas moins de 85 % des poules d’élevage souffrent de fractures. La raison n’est autre qu’une pression toujours plus grande sur les os en raison des œufs, dont la taille est de plus en plus imposante.

Une surproduction d’œufs trop gros en taille

Au Danemark, une étude parue dans la revue Plos One le 13 août 2021 a de quoi révolter les défenseurs des animaux ainsi que les associations de consommateurs. Selon les chercheurs de Département des sciences vétérinaires et animales de l’Université de Copenhague, 85 % des poules d’élevage présentent des fractures du bréchet, que l’on pourrait considérer comme étant l’équivalent du sternum chez l’être humain. Dans le cadre de ces travaux, les chercheurs ont examiné près de 4 800 poules dans 40 élevages différents. Ceux-ci ont constaté des fractures du bréchet chez environ 4 100 de ces mêmes poules.

En France, l’association L214 dénonce très régulièrement les conditions de vie des poules d’élevage. Néanmoins, le problème dont il est question ici n’a aucun lien avec ces conditions. En effet, qu’il s’agisse d’élevage en cage ou en plein air, les fractures sont tout aussi présentes. Le réel problème vient d’une surproduction d’œufs trop gros en taille.

« Une poule sauvage pond environ 20 œufs par an, tandis qu’une poule pondeuse moderne produit environ 320 œufs par an. La ponte exerce une telle pression sur les poules qu’elle entraîne des fractures osseuses», affirment les auteurs de l’étude.

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Une morphologie complètement inadaptée

Concernant la taille des œufs, le constat est le suivant : plus les œufs sont gros et plus la poule est petite, plus les fractures sont importantes. L’étude évoque également la conclusion d’un calcul dont le résultat laisse perplexe : le risque de fracture augmenterait de 3 % pour chaque gramme en plus concernant les œufs au début de la ponte. Plus précisément, le problème se situe au niveau de la sélection des poules pondeuses. Le but des éleveurs est de collectionner les poules les plus petites afin que ces dernières prennent le moins de place possible. D’un autre côté, ces mêmes producteurs cherchent à obtenir des œufs toujours plus gros. Ainsi, il est question d’un type de morphologie complètement inadaptée générant logiquement de multiples fractures.

Une étude antérieure vient appuyer ces conclusions. Publiées dans la revue Poultry Science en 2020, ces recherches menées dans plusieurs pays européens ont permis de conclure que 88 % des poules d’élevage présentent une déformation du bréchet-sternum en raison des croisements génétiques. Par ailleurs, la ponte arrive de plus en plus tôt alors que le corps des animaux n’a pas terminé son développement. De plus, une carence en calcium vient compléter la liste des raisons conduisant aux fractures. En effet, pondre un maximum d’œufs fait que les poules puisent dans les réserves de calcium de leurs propres os.