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Agriculture : des chercheurs produisent des protéines à partir d’un méthanol dérivé du charbon

En Chine, des scientifiques ont démontré qu’il était possible d’obtenir des protéines très intéressantes grâce à un méthanol dérivé du charbon. Or, ces protéines seraient plus complètes que celles provenant des plantes. Cette méthode permettrait surtout d’économiser des terres habituellement réservées à l’alimentation du bétail.

De meilleures protéines pour le bétail

Le taux d’autosuffisance alimentaire de la Chine est passé de 93,6 % en 2000 à 65,8 % en 2020. Cela inquiète donc le gouvernement du pays s’inquiète qui cherche à redresser la situation. Pour ce faire, il envisage aujourd’hui d’augmenter la production céréalière locale de plus de 6 % afin d’atteindre un taux de 88,4 % d’autosuffisance d’ici une décennie et se rapprocher ainsi à nouveau de ses anciens taux.

Cette augmentation de la production de denrées pourrait par ailleurs être aidée par la recherche scientifique, comme l’explique un article du 8 janvier 2024 publié par le South China Morning Post. Une équipe de l’Institut de biotechnologie industrielle de Tianjin (Chine) a développé une méthode pour produire des protéines à partir d’un méthanol dérivé du charbon. Or, il s’agirait de protéines plus intéressantes que celles déjà présentes dans les plantes.

Pour obtenir les fameuses protéines, les chercheurs ont d’abord procédé à une gazéification du charbon pour le convertir en méthanol. Ensuite, ce dernier a été placé dans une souche de levures Pichia pastoris. Les levures le font fermenter afin de produire une protéine complète qui renferme des graisses, glucides, vitamines, acides aminés et sels inorganiques.

Un enjeu très important

Mais pourquoi de telles recherches ? Selon les responsables du projet, cette méthode pourrait permettre aux agriculteurs de nourrir le bétail de façon plus efficace qu’avec les végétaux habituels. Les chercheurs ont analysé les protéines en question et relevé un poids de cellules sèches de 120 g/litre et une teneur en protéines brutes de 67,2 % grâce à la levure utilisée. De plus, la conversion du méthanol est très efficace, atteignant 92 % de la valeur théorique.

bétail
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Par ailleurs, l’autre avantage de cette méthode est l’utilisation de surfaces agraires plus réduites. En réalité, ce point était la principale motivation des chercheurs du fait des tensions relatives aux pâturages pour le bétail et aux terres agricoles réservées à la production de nourriture pour animaux. Rappelons tout de même que ces terres couvrent environ 40 millions de kilomètres carrés à l’échelle mondiale, soit plus de deux fois la superficie de la Russie.

En cas de succès, la méthode chinoise pourrait naturellement intéresser un grand nombre de pays qui cherchent à renforcer leur sécurité alimentaire et optimiser leur agriculture.

Yohan Demeure

Rédigé par Yohan Demeure

Licencié en géographie, j’aime intégrer dans mes recherches une dimension humaine. Passionné par l’Asie, les voyages, le cinéma et la musique, j’espère attirer votre attention sur des sujets intéressants.