Le Gulf Stream est un courant influençant des phénomènes apparemment sans rapport comme le niveau de la mer le long des côtes de la Floride ainsi que la température et les précipitations sur l’Europe continentale. Compte tenu de son importance, il est crucial pour les chercheurs de surveiller son activité pour tenter de prédire son comportement futur. Une nouvelle analyse conclut que le Gulf Stream ne cesse de ralentir depuis plusieurs décennies. En revanche, il est difficile de dire si cela est dû au changement climatique.
Un courant essentiel
Le Gulf Stream est un courant océanique puissant situé au large de la côte est des États-Unis. Il transporte non seulement une énorme quantité d’eau de mer vers le nord, mais aussi de la chaleur, du carbone et d’autres constituants océaniques essentiels.
Dans le détail, ce courant part des Caraïbes avant de se jeter dans l’Atlantique par le détroit de Floride. Il transporte ensuite les eaux plus chaudes du sud (plus salées et plus denses) vers le nord pour se refroidir et couler dans l’Atlantique Nord. Après avoir coulé profondément sous l’océan et libéré sa chaleur dans l’atmosphère, l’eau dérive lentement vers le sud, où elle se réchauffe à nouveau et le cycle se répète.
Ce courant est important, car il influence un grand nombre d’autres phénomènes. Par exemple, il joue un rôle majeur dans la modélisation des conditions météorologiques et climatiques. Il a en outre un impact sur le niveau de la mer le long des côtes de la Floride ainsi que sur la température et les précipitations en Europe continentale.
De ce fait, de nombreuses études ont tenté d’estimer les tendances de son transport volumétrique à partir de divers ensembles de données, mais les résultats n’ont pas été concluants. De ce fait, aucun consensus n’a émergé quant à son affaiblissement avec le changement climatique.
Un ralentissement de 4% en 40 ans
Pour mieux comprendre ces changements potentiels, des chercheurs ont récemment concentré leurs efforts sur le détroit de Floride, près de Miami, où les observations du Gulf Stream sont nombreuses. Ce détroit est une zone clé pour étudier le courant, car il agit comme une sorte de goulot d’étranglement qui comprime le flux d’eau de mer.
Après avoir passé en revue un large éventail de données, les scientifiques ont conclu, avec un haut degré de confiance, que le transport du Gulf Stream avait ralenti d’environ 4 % au cours des quarante dernières années. Cette conclusion constitue la première preuve observationnelle concluante et sans ambiguïté que ce courant océanique crucial a connu des changements significatifs sur une période relativement courte.
À première vue, un changement de 4 % peut sembler infime, mais « le problème est que ce n’est qu’un démarrage lent« , prévient Helen Czerski, océanographe à l’University College London (UCL), qui n’a toutefois pas participé à l’étude. « C’est comme aux débuts du COVID. Les gens disaient : Oh, il n’y a que 60 cas. On s’en fiche. Il n’y a que 60 cas, oui, mais hier, il y en avait 30 et la veille, il y en avait 15. Si vous pensez juste une semaine à l’avance, nous avons un problème« .
Ces constatations suscitent naturellement des questions essentielles concernant les causes de cette évolution. Les chercheurs vont notamment devoir déterminer si elles sont principalement liées au changement climatique, à d’autres facteurs environnementaux ou à une combinaison de tous ces éléments. Ces travaux futurs seront d’une importance cruciale pour anticiper les impacts sur le climat, la montée du niveau de la mer et les écosystèmes marins, ainsi que pour élaborer des stratégies d’adaptation aux changements à venir.
Les détails de l’étude sont publiés dans la revue Geophysical Research Letters.