satellite Aeolus
Une illustration montre le satellite éolien Aeolus au-dessus de la Terre. Crédits : ESA

Un satellite européen tombera sur Terre aujourd’hui

Le gardien des vents de l’ESA rentre à la maison. Aeolus chute en effet de son altitude opérationnelle depuis le 19 juin dernier. Mis au rebut faute de carburant, le satellite doit opérer sa manœuvre finale de désorbitation ce vendredi 28 juillet. À environ 80 km d’altitude, la majeure partie du satellite brûlera. Cependant, quelques fragments pourraient atteindre la surface de la Terre.

Un satellite pionnier

Le satellite Aeolus est une mission spatiale de l’Agence spatiale européenne (ESA). Lancée en août 2018, son objectif principal était de mesurer les vents terrestres à l’échelle mondiale et d’améliorer notre compréhension de la circulation atmosphérique. Le nom « Aeolus » fait d’ailleurs référence à Éole, le dieu grec des vents. Cela n’avait jamais été fait aussi précisément depuis l’orbite auparavant.

Pour opérer, Aeolus était équipé d’un instrument appelé Aladin (Atmospheric Laser Doppler Instrument). Ce dernier utilisait la technologie lidar pour mesurer les vents atmosphériques depuis l’espace. Concrètement, Aladin émettait des impulsions laser vers la Terre et mesurait la lumière rétrodiffusée par les molécules d’air et les particules en mouvement dans l’atmosphère. Grâce à cette technologie, Aeolus a ainsi pu fournir des données précises sur la vitesse et la direction des vents dans différentes couches de l’atmosphère, de la troposphère jusqu’à la stratosphère.

Outre son application dans les prévisions météorologiques, Aeolus aura également permis de mieux comprendre les processus atmosphériques complexes, tels que les interactions entre les vents et les nuages, les échanges de chaleur et d’humidité à l’échelle mondiale, ainsi que les phénomènes de transport d’aérosols et de polluants.

Une rentrée contrôlée

Aeolus a fonctionné pendant près de 4,5 ans, soit environ 18 mois de plus que sa durée de vie scientifique prévue. Après quoi, il a manqué de carburant. Cependant, au lieu de laisser l’atmosphère terrestre entraîner Aeolus de manière chaotique, comme c’est la norme pour les satellites en orbite, l’Agence spatiale européenne, soucieuse de montrer la voie dans le domaine du nettoyage de l’orbite terrestre de ses débris, a entrepris une campagne de désorbitation.

Après plusieurs manœuvres opérées le 19 juin et le 24 juillet derniers, qui visaient toutes deux à abaisser progressivement son altitude, Aeolus doit effectuer une dernière manœuvre dans la journée dans le but de se mettre à 150 km d’altitude. Ensuite, le satellite opérera sa rentrée atmosphérique. Comme dit en préambule, la majeure partie du satellite brûlera à environ 80 km d’altitude, mais quelques débris pourraient encore atteindre la surface de la Terre ce soir. A priori, tous ces débris devraient finir en plein océan Atlantique, sans menacer les personnes et les bâtiments au sol.

satellite Aeolus
Les étapes clés de la rentrée du satellite. Crédits : ESA/Earth Observation Graphics Bureau.

« C’est assez unique, ce que nous faisons. Vous ne trouvez pas vraiment d’exemples de cela dans l’histoire des vols spatiaux », a déclaré Holger Krag, chef du Bureau des débris spatiaux de l’ESA. Cette campagne de rentrée d’Aeolus va ainsi créer un nouveau précédent pour les opérations sûres des engins spatiaux et les vols spatiaux durables, à la fois pour les missions futures et celles déjà en orbite.

Brice Louvet

Rédigé par Brice Louvet

Brice est un journaliste passionné de sciences. Ses domaines favoris : l'espace et la paléontologie. Il collabore avec Sciencepost depuis près d'une décennie, partageant avec vous les nouvelles découvertes et les dossiers les plus intéressants.