Des chercheurs ont réussi à extraire de l’ADN d’insectes piégés dans des échantillons de résine. À terme, la technique pourrait être utilisée pour extraire des échantillons plus anciens.
L’idée d’extraire de l’ADN d’insectes incrustés dans l’ambre nous ramène inévitablement à Jurassic Park (1993), de Spielberg. Si le film en a marqué plus d’un, ressusciter les dinosaures serait malheureusement scientifiquement impossible. Et pour cause, l’ADN n’a une demi-vie que de 521 ans. Autrement dit, en 521 ans, 50% de l’ADN se retrouvent détruits. En 1042 ans, 75% sont détruits à nouveau et ainsi de suite.
Au final, même si vous aviez en vos mains un morceau d’ADN parfaitement conservé, celui-ci serait finalement complètement détruit en 6,8 millions d’années environ.
« L’ADN de mammouth néandertalien et laineux a été isolé avec succès, mais l’ADN de dino est tout simplement trop vieux« , expliquait il y a deux ans le généticien Darren Griffin, de l’Université de Kent (Royaume-Uni), à l’occasion de la sortie de Jurassic World : Fallen Kingdom. « L’ADN le plus ancien jamais trouvé date d’environ un million d’années, mais pour celui de dinosaure, nous devrions remonter au moins 66 millions d’années. Donc de façon réaliste, nous en sommes très loin« .
« Deuxièmement, même si nous pouvions extraire l’ADN d’un dinosaure, il serait coupé en millions de minuscules morceaux. De plus, nous n’aurions aucune idée de la façon dont ces morceaux devraient être organisés. Ce serait comme essayer de faire le puzzle le plus dur du monde sans aucune idée de ce à quoi ressemble l’image ou auquel il manque des pièces« .
Du matériel génétique de six et deux ans extrait avec succès
Ceci dit, des chercheurs de l’Université de Bonn et de l’Institut de recherche de Senckenberg ont néanmoins réussi à faire un grand pas en avant dans ce domaine. Ces derniers annoncent en effet dans la revue Plos One avoir extrait le matériel génétique d’insectes piégés dans de la résine il y a deux et six ans. Évidemment, cela pourrait ne pas paraître très « vieux », mais c’est une première pour ce type d’échantillons.
Comme le souligne en effet l’étude, de nombreuses allégations attestant la récupération d’ADN de divers organismes (bactéries, plantes, insectes et mammifères, y compris les humains) remontant à plusieurs milliers d’années ont déjà été faites. Cependant, bon nombre d’entre elles, en particulier celles décrites à partir de l’ambre (résine fossile), ont été critiquées comme étant le résultat d’une contamination environnementale moderne et d’un manque de reproductibilité.
Ici, les chercheurs se sont appuyés sur des techniques génomiques modernes, à partir desquelles de l’ADN peut être obtenu en toute confiance.
« Nous n’avons pas l’intention d’élever des dinosaures« , rassure le Dr Mónica Solórzano-Kraemer, principale auteure de ces travaux. « Nous avons simplement cherché à déterminer si de l’ADN d’insectes enfermés dans des matériaux résineux pouvait être conservé. En utilisant une méthode de réaction en chaîne par polymérase (PCR), nous avons pu documenter que c’est effectivement possible cas dans les échantillons de six et deux ans ».
À ce jour, on ne sait en revanche toujours pas quelle est la « durée de conservation » maximale de l’ADN piégé dans la résine. Le meilleur moyen de le déterminer sera de continuer à mener ce type d’expériences sur des échantillons de plus en plus vieux.