in

L’ADN humain est partout et cela pourrait être inquiétant

Crédits : Natali_Mis / iStock

Il y a peu, des scientifiques américains ont collecté par erreur de l’ADN humain en grande quantité dans l’environnement. Ces chercheurs évoquent une pratique posant des questions éthiques, concernant principalement de possibles atteintes à la vie privée.

De l’ADN humain en abondance

Les chercheurs du laboratoire Whitney de biodiversité marine de l’Université américaine de Floride (États-Unis) ont l’habitude d’effectuer des prélèvements dans l’eau de mer et dans le sable. Cela leur permet d’analyser l’ADN environnemental des tortues marines et en apprendre davantage sur ces animaux ainsi que leur mode de vie. Toutefois, une publication dans la revue Nature Ecology & Evolution en mai 2023 concerne une découverte aussi inquiétante qu’enthousiasmante.

Lors d’une expérience, ils ont découvert des quantités d’ADN humain largement au-dessus des normes habituelles. Un des prélèvements en contenait tellement qu’il aurait pu être directement récupéré sur la peau d’une personne. Et si cela présente un intérêt certain pour les scientifiques, ils tentent néanmoins d’alerter sur les dérives possibles liées à cette découverte.

prélèvement ADN eau
Crédits : Todd Osborne / Whitney laboratory for Marine Bioscience

Des risques de fichage génétique

Afin de comprendre pourquoi les scientifiques tirent la sonnette d’alarme, il est important de revenir sur la notion d’ADN environnemental (ADNe). Il est possible d’en collecter avec seulement quelques millilitres d’eau afin par exemple de connaître toutes les espèces de poissons vivant dans un lac. La méthode permet notamment d’identifier les espèces en voie de disparition et ainsi de mettre en place des mesures de protection. Néanmoins, les échantillons peuvent également subir une « pollution » par l’ADN d’espèces qui ne devraient pas se trouver à l’endroit des recherches. C’est d’ailleurs justement ce que les scientifiques américains ont observé ici alors qu’ils cherchaient initialement  à étudier les tortues de mer.

Ils rappellent en effet que chaque individu laisse de son ADN un peu partout avec sa peau, ses poils, mais aussi sa transpiration. Dans la mesure où notre ADN est notre empreinte génétique, elle représente logiquement une véritable mine d’information, d’autant que l’ADN humain identifié dans le cas de l’étude était suffisamment long pour être lisible. Ainsi, il est possible de savoir si la personne a une maladie, comme le cancer ou le diabète.

Les scientifiques s’inquiètent donc des risques liés à la mise en place d’une « surveillance génétique perpétuelle », autrement dit un fichage génétique. Ils estiment que ces informations personnelles pourraient tomber entre de mauvaises mains et entre autres permettre de traquer certains individus ou encore de cibler certaines minorités.