Admirez la plus grande fleur jamais trouvĂ©e dans l’ambre

Fleur fossile de Symplocos kowalewskii.
Fleur fossile de Symplocos kowalewskii. Crédits : Carola Radke, Museum für Naturkunde Berlin

Une Ă©quipe redĂ©crit une inclusion d’ambre particulièrement Ă©tonnante cachĂ©e dans une collection de musĂ©e depuis 150 ans : une fleur fossilisĂ©e vieille de près de 40 millions d’annĂ©es. Cette fleur, qui est la plus grande jamais trouvĂ©e dans l’ambre, est d’ailleurs si bien conservĂ©e que les chercheurs ont pu identifier ses descendants actuels.

L’ambre peut prĂ©server les organismes avec une grande fidĂ©litĂ©, dont des arthropodes, des champignons, lichens et autres inclusions de plantes Ă  graines, telles que les feuilles, les fleurs ou le pollen. Alors que les inclusions d’arthropodes sont les plus abondantes, les inclusions de plantes sont beaucoup plus rares (1 Ă  3 % des fossiles). Leur Ă©tude reste cependant essentielle pour apprĂ©hender l’Ă©volution des lignĂ©es vĂ©gĂ©tales, d’oĂą l’importance de ces nouveaux travaux.

Près de trois centimètres

Dans Scientific Reports, une Ă©quipe dĂ©crit la dĂ©couverte d’une fleur exceptionnellement grande datant de la fin de l’Éocène. Le fossile mesure 28 mm de diamètre. Cela pourrait paraĂ®tre petit, mais c’est environ trois fois plus grand que la plupart des inclusions florales dĂ©couvertes Ă  ce jour dans l’ambre.

Cette fleur provient de la rĂ©gion Baltique, l’un des principaux points chauds d’ambre au monde. Il y a plusieurs millions d’annĂ©es, de vastes forĂŞts de conifères tapissaient les environs. Il y a entre 38 et 34 millions d’annĂ©es, une boule de rĂ©sine aurait donc suintĂ© de l’un de ces arbres pour finir au sol, piĂ©geant ainsi cette fleur « pour toujours ».

Le fossile avait initialement Ă©tĂ© dĂ©couvert au XIXe siècle. La fleur, initialement nommĂ©e Stewartia kowalewskii en 1872, avait alors Ă©tĂ© placĂ©e dans une vitrine remplie de rĂ©sine d’arbre moderne Ă  l’Institut FĂ©dĂ©ral des GĂ©osciences et des Ressources Naturelles (Allemagne), avant d’ĂŞtre oubliĂ©e. Plus de 150 ans plus tard, cette fleur Ă©tonnamment grande a enfin eu l’attention qu’elle mĂ©ritait grâce aux travaux d’Eva-Maria Sadowski, palĂ©obotaniste au MusĂ©e d’histoire naturelle de Berlin.

Fleur fossile de Symplocos kowalewskii.
Crédits : Carola Radke, MfN

Un lien avec des arbustes modernes

Les fragiles organes reproducteurs de la fleur Ă©taient si bien conservĂ©s que son Ă©quipe a pu extraire des grains de pollen intacts au scalpel. Au microscope Ă©lectronique Ă  balayage, ces grains rappelaient ceux de minuscules arbres et arbustes d’Asie appartenant au genre Symplocos. Ces arbres Ă  feuilles persistantes se trouvent de nos jours dans les forĂŞts humides d’altitude et produisent des fleurs jaunes ou blanches. Ainsi, pour mieux reflĂ©ter l’identitĂ© de cette fleur, les chercheurs ont proposĂ© de la renommer Symplocos kowalewskii.

Bien qu’il s’agisse du plus grand fossile de fleur trouvĂ© piĂ©gĂ© dans l’ambre, ce n’est peut-ĂŞtre pas le plus important. L’annĂ©e dernière, une Ă©quipe avait en effet dĂ©crit le plus ancien bouton floral connu. DĂ©couvert en Chine, ce fossile avait repoussĂ© l’Ă©volution des fleurs dans l’histoire d’au moins quelques dizaines de millions d’annĂ©es. Un peu plus tard, une analyse d’anciens spĂ©cimens de la famille très rĂ©ussie du nerprun avait rĂ©vĂ©lĂ© que les plantes Ă  fleurs vivaient probablement sur Terre bien avant l’apparition des dinosaures.