Une équipe de chercheurs européens a montré que pour 67 % des surfaces terrestres, la reforestation augmenterait la quantité de nuages bas et aurait ainsi un effet refroidissant sur le climat global. Ces conclusions confirment que le reboisement et la préservation des forêts se présentent comme des moyens efficaces de lutte et d’adaptation au changement climatique.
Outre leur capacité à absorber le dioxyde de carbone, les forêts participent à réguler le climat global en modulant le cycle hydrologique et la couverture nuageuse. Or, la façon dont cette dernière est affectée par le reboisement a jusqu’à présent été peu étudiée.
Influence de la reforestation sur les nuages bas : une évaluation sans précédent
Pour la première fois, des scientifiques se sont penchés sur la question en tirant parti d’observations satellitaires à l’échelle mondiale entre 2004 et 2014. Les résultats ont été publiés dans la revue scientifique Nature communications le 15 juillet 2021. « Nous sommes en mesure d’isoler cet effet local sur la formation des nuages bas en comparant les observations voisines sur des paysages localement contrastés », expliquent les auteurs dans leur papier.
Les données révèlent que les nuages bas augmentent en moyenne au-dessus des secteurs reforestés, et ce, aussi bien en régions tropicales qu’en régions arides ou tempérées. En ce qui concerne l’Europe, cet effet se vérifie notamment dans le cas de forêts abritant des résineux. Les scientifiques ont estimé que la hausse de la nébulosité de basse couche pouvait alors aller jusqu’à 15 %. Or, comme les nuages bas sont des réflecteurs efficaces du rayonnement solaire, leur hausse s’associe à un déficit d’énergie entrant dans le système climatique, autrement dit à un refroidissement toutes choses égales par ailleurs.
Limiter et s’adapter au changement climatique grâce aux forêts
Présente tout au long de l’année, cette influence disparaît néanmoins au-dessus des sols durablement enneigés. Dans ce cas de figure, les nuages deviennent à l’inverse plus présents au-dessus des terres ouvertes. C’est en particulier le cas du nord de l’Amérique, de la Russie et de l’Europe de l’Est en hiver et au printemps. Toutefois, le faible éclairement solaire à ces latitudes lors de la saison froide rend cette modulation des nuages peu influente contrairement à celle observée le reste de l’année.
« Nos résultats suggèrent que l’effet climatique des forêts à travers les changements dans la formation de nuages bas est généralement en phase avec la séquestration de carbone pour refroidir la Terre », indique le papier dans sa conclusion. « Lorsque l’on considère les services écosystémiques supplémentaires fournis par les forêts, tels que la prévention de la dégradation des sols et l’amélioration de la biodiversité, nos résultats consolident la justification d’un soutien aux actions favorisant la lutte contre la déforestation, la restauration des forêts et le reboisement ».