L’accélération du cycle de l’eau serait plus rapide que prévu

salinité océan
Crédits : ESA.

Les observations portant sur la salinité des océans suggèrent que le cycle de l’eau s’accélère à un rythme plus rapide que prévu en réponse au réchauffement climatique. C’est en tout cas ce que rapporte une étude publiée ce 23 février dans la revue scientifique Nature.

Avec le réchauffement global, les échanges d’eau entre l’océan, l’atmosphère et les surfaces continentales s’accentuent. Autrement dit, en climat plus chaud, le cycle de l’eau s’accélère et l’évaporation tout comme les précipitations gagnent en intensité. Pour ces raisons, on observe à la fois une augmentation des extrêmes secs et des extrêmes humides.

Un transfert d’eau plus rapide entre régions sèches et humides

On résume souvent ce phénomène en disant que les régions sèches tendent à devenir plus sèches et les régions humides plus humides avec une aggravation des pénuries d’eau d’un côté et des inondations de l’autre. Or, de récents travaux soutiennent que ces changements dans le cycle de l’eau surviennent à un rythme plus important que prévu par les modèles de climat.

En effet, en analysant l’évolution de la salinité des océans entre 1970 et 2014, les chercheurs ont trouvé que deux à quatre fois plus d’eau douce s’était déplacée des régions subtropicales déficitaires vers les régions polaires excédentaires. « Nous savions déjà grâce à des travaux antérieurs que le cycle mondial de l’eau s’intensifiait », note Taimoor Sohail, auteur principal du papier. « Nous ne savions tout simplement pas à quel point ».

La salinité des océans, un marqueur de l’évolution du cycle de l’eau

Mais pourquoi étudier les données de salinité ? D’une part, car l’océan accueille 80 % des flux d’eau et d’autre part, car les mesures directes sont très peu nombreuses en zones océaniques. La salinité joue alors le rôle de proxy pour le bilan hydrique local. Là où les précipitations s’accentuent, la salinité de l’océan diminue. À l’inverse, là où le bilan est dominé par la hausse de l’évaporation, elle augmente.

cycle de l'eau
Schéma du lien entre cycle de l’eau et salinité de l’océan. Crédits : NASA Salinity.

« Dans les régions chaudes, l’évaporation élimine l’eau douce de l’océan, laissant derrière elle le sel et rendant l’océan plus salé », résume Jan Zika, coauteur de l’étude. « Le cycle de l’eau amène cette eau douce dans des régions plus froides où elle tombe sous forme de pluie, se diluant dans l’océan et le rendant moins salé ».

Sur la période d’étude, un surplus de 46 000 à 77 000 kilomètres cubes d’eau a été transféré des régions chaudes vers les régions froides du globe par rapport à ce que laissaient entrevoir les projections climatiques.

« Les modifications du cycle de l’eau peuvent avoir un impact critique sur les infrastructures, l’agriculture et la biodiversité », rappelle Taimoor Sohail. « Il est donc important de comprendre la manière dont le changement climatique affecte le cycle de l’eau aujourd’hui et à l’avenir. Cette découverte nous donne une idée de l’ampleur de l’évolution de cette partie du cycle de l’eau et peut nous aider à améliorer les modélisations futures du changement climatique ».