Ces acariens qui vivent sur votre visage ont bel et bien un anus

acariens demodex
Source : Nicole'e Museum

Des chercheurs ont enfin dévoilé les secrets génétiques de l’acarien Demodex folliculorum. Entre autres choses, les résultats de cette étude confirment que ces petits animaux présents sur nos visages ont effectivement des anus, contrairement aux spéculations précédentes. De fait, ils ne seraient pas à l’origine de certaines inflammations de peau, comme supposé précédemment.

Demodex folliculorum est une espèce d’acariens vermiformes de la famille des Demodicidae. Avec D. Brevis, il s’agit de l’une des deux espèces du genre Demodex vivant dans les follicules pileux des humains. Vous les retrouverez principalement sur le visage, mais également sur d’autres parties du corps. Ces créatures trapues ne vivent que deux à trois semaines dans nos pores, se nourrissant principalement de notre sébum, la substance huileuse fournie par notre corps pour protéger et hydrater la peau. D’après certaines estimations, un visage humain pourrait en abriter plusieurs millions.

Bien qu’à l’exception des nouveau-nés, chaque personne ait sa propre collection d’acariens, on ignorait encore beaucoup de choses à leur sujet. Une nouvelle étude publiée dans la revue Molecular Biology and Evolution nous permet d’y voir un peu plus clair. Des chercheurs affirment en effet avoir entièrement séquencé le génome de D. folliculorum.

Ils ont un anus

Ces travaux nous révèlent plusieurs informations. D’une part, certains chercheurs soutenaient par le passé que ces acariens n’avaient pas d’anus. Cela impliquait que leurs déchets fécaux s’accumulent à l’intérieur de leur corps au cours de leur brève durée de vie pour être libérés en une seule fois après leur mort. On a également émis l’hypothèse que des bactéries libérées par cette explosion de matière fécale étaient à l’origine d’une affection cutanée connue sous le nom de rosacée.

Cette étude génomique confirme que ces animaux ont bel et bien un anus, remettant donc en doute cette théorie. Pour Alejandra Perotti, de l’Université de Reading au Royaume-Uni et principale auteure de l’étude, la plus grande présence d’acariens chez les personnes développant la rosacée et d’autres affections cutanées pourrait donc être une conséquence de la maladie, et non sa cause réelle.

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Demodex folliculorum. Crédits : Palopoli et coll.; licensee BioMed Central. 2014

Une génétique ultra simple

Cette étude révèle également que ces acariens ont évolué pour devenir incroyablement paresseux sur le plan génétique, ne survivant qu’avec le strict minimum. À titre d’exemple, chacun de ces acariens de 0,3 mm de long a de petites pattes alimentées par seulement trois muscles unicellulaires.

Ces acariens sont également constitués du plus petit nombre de protéines de toutes les espèces apparentées connues. Ils ont aussi perdu le gène chargé de les réveiller en réponse à la lumière du jour et ont perdu la capacité de survivre à l’exposition à la lumière ultraviolette. C’est pourquoi nos chers colocataires sont des créatures principalement nocturnes.

D. folliculorum est aussi capable de « voler » une partie de ce qui lui manque à son hôte, notamment la mélatonine, une hormone naturelle. Les humains en sécrètent par leur peau tous les soirs. Nos amis n’ont alors qu’à se servir.

Les chercheurs émettent l’hypothèse que ces tendances très « simplistes » sur le plan génétique pourraient d’ailleurs un jour conduire à la fin des acariens D. folliculorum en tant qu’entité distincte. Finalement, ces animaux pourraient ne plus vivre en tant que parasites, mais en tant que symbiotes nous conférant un certain avantage : celui de ronger nos pores obstrués.