Mais qui a fait ces traces de pas il y a 5,7 millions d’annĂ©es ?

Crédits : Gierlinski et al, doi: 10.1016/j.pgeola.2017.07.006.

29 mystérieuses empreintes fossilisées datant de 5,7 millions d’années ont été découvertes en Crète. Il pourrait s’agir ici des plus anciennes traces d’hominidés connues. La question suscite encore des débats, mais si la nouvelle venait à se confirmer, il nous faudrait alors complètement repenser nos origines.

En 2002, des empreintes de pas ont Ă©tĂ© dĂ©couvertes dans la rĂ©gion de Trachilos, près de la ville de Kissamos en Crète. Après avoir passĂ© le site au peigne fin, les chercheurs ont Ă  ce jour dĂ©nombrĂ© 29 traces au total mesurant entre 9,9 et 22,3 cm de longueur. Le sĂ©quencement et l’écartement des traces de pas indiquent qu’elles sont l’œuvre d’un ou plusieurs bipèdes. Pour les chercheurs, « les nouvelles empreintes de Trachilos ont une forme indubitablement humaine », notamment au niveau des orteils : « le gros orteil est semblable Ă  celui du pied humain en terme de forme, de taille et de position, il est Ă©galement associĂ© Ă  une protubĂ©rance distincte au niveau du talon (calcaneum) qui n’est jamais prĂ©sente chez les autres primates », Ă©crivent les chercheurs. En bref, la forme des empreintes indique donc sans ambiguĂ¯tĂ© qu’elles appartiennent Ă  un ou plusieurs hominidĂ©s prĂ©coces. Mais alors, qui a fait ces traces ?

Crédits : Gierlinski et al, doi: 10.1016/j.pgeola.2017.07.006.

Les empreintes ont Ă©tĂ© datĂ©es en Ă©tudiant les strates sĂ©dimentaires environnantes. Il y a environ 5,6 millions d’annĂ©es, Ă  la fin du Miocène, toute la MĂ©diterranĂ©e s’est dessĂ©chĂ©e. Cet assèchement s’est matĂ©rialisĂ© par une couche plus claire facilement identifiable dans la stratigraphie. Les traces de pas de Trachilos Ă©tant juste en dessous, celles-ci ont donc Ă©tĂ© datĂ©es Ă  environ – 5,7 millions d’annĂ©es. Au moment oĂ¹ les traces de Trachilos ont Ă©tĂ© faites, la Crète n’était pas une Ă®le et ne s’était pas encore dĂ©tachĂ©e de ce qui allait devenir la Grèce. Il Ă©tait alors tout Ă  fait possible de venir « à pied » dans cette rĂ©gion du monde Ă  l’époque assĂ©chĂ©e. Or, jusqu’à prĂ©sent, tous les hominidĂ©s plus anciens que deux millions d’annĂ©es Ă©taient situĂ©s en Afrique, mais avec la dĂ©couverte de ces empreintes de pas, il semblerait donc que certains se soient dĂ©ployĂ©s très tĂ´t autour du bassin mĂ©diterranĂ©en tout en continuant de se dĂ©velopper et d’évoluer sur le continent africain.

Conscient que cette étude bouscule quelque peu le scénario de l’évolution de l’homme, Per Ahlberg, l’un des auteurs de l’étude, a notamment déclaré que « la question est maintenant de savoir si la communauté de recherche sur les origines de l’homme accepte des empreintes fossiles comme une preuve concluante de la présence d’homininés en Crète au Miocène. Cette découverte conteste le récit établi de l’évolution humaine précoce et est susceptible de générer beaucoup de débats ». Certains paléoanthropologues restent en effet très perplexes quant à la base de la structure de ces empreintes qui ne sont malheureusement pas d’une qualité suffisante pour que le débat soit tranché définitivement.

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