Peu à peu, le tardigrade nous révèle ses secrets de résistance extrême

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Crédits : Université de Stuttgart

Une nouvelle analyse du génome de tardigrade révèle de nouveaux secrets sur l’animal jugé quasi indestructible, notamment sa capacité de résistance face aux conditions de sécheresse extrême.

Les tardigrades nous fascinent pour leurs exceptionnelles capacités d’adaptation et leur incroyable résistance aux conditions les plus extrêmes. Ils sont en effet capables de résister à d’énormes quantités de rayonnement, à des températures allant de 150 °C à des températures proches du zéro absolu et à des pressions jusqu’à six fois plus fortes que dans les plus profondes fosses océaniques. L’un des secrets du tardigrade est également de pouvoir revenir à la vie après s’être desséché pendant plus d’une décennie. Mais comment est-ce possible ? Grâce au séquençage de son ADN, des scientifiques britanniques ont découvert comment l’animal parvient à résister à la sécheresse.

Crédits : Wikimedia Commons

En comparant les gènes issus de deux espèces différentes de tardigrades, Ramazzottius varieornatus et Hypsibius, des chercheurs écossais et japonais ont en effet déterminé comment ces deux espèces s’étaient liées à d’autres animaux tout en identifiant les gènes leur permettant de survivre aux effets d’un dessèchement extrême pendant des années pour mieux ressusciter. Privé d’eau, l’animal est effectivement capable de se dessécher et de survivre avec seulement 1 % de l’eau qu’il contient à l’état normal. Il reste ainsi des années dans un état proche de la mort jusqu’à réhydratation. Ces protéines encodées seraient en quelque sorte des « bioverres » entourant les cellules permettant maintenir les petits animaux dans un état « suspendu » jusqu’à ce que les oursons soient réhydratés.

Le professeur Mark Blaxter de l’Université d’Édimbourg en Écosse, principal auteur de ces travaux publiés jeudi 27 juillet dans la revue américaine PLOS Biology, se réjouit de ces découvertes : « Je suis fasciné depuis vingt ans par ces animaux minuscules et résistants, et c’est fantastique de finalement disposer de leur génome et de commencer à les comprendre. Ce n’est que le début, car avec l’ADN décodé nous pouvons maintenant comprendre comment les tardigrades résistent aux conditions extrêmes et utiliser potentiellement leurs protéines spéciales en biotechnologie et pour des applications médicales. »

D’autre part, cette nouvelle étude remet en doute une conclusion antérieure qui suggérait que 17,5 % du génome du tardigrade (soit environ 6 000 gènes) ont été « volés » à d’autres espèces, la plupart à des bactéries et d’autres microbes. Alors que nous avons tous en nous quelques gènes empruntés à d’autres organismes, il s’agit là d’une proportion énorme. Selon cette nouvelle étude, nous pouvons exclure l’idée que les tardigrades sont des Frankenstein du génome. Les chercheurs n’ont en effet trouvé aucun signe d’ADN bactérien, supposant ainsi que les conclusions précédentes auraient pu être trahies par une contamination des sujets étudiés.

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