Si des extraterrestres nous rendent un jour visite, il s’agira probablement d’une forme de vie artificielle, estime un astronome du Seti Institute. Une forme de vie organique telle que la nôtre ne pourrait supporter un séjour aussi long dans l’espace.
Seth Shostak est astronome au Seti Institute, une organisation à but non lucratif concentrée depuis plusieurs années sur la recherche de la vie extraterrestre. Dans un récent article d’opinion publié dans The Gardian, le chercheur a livré son regard sur la possibilité qu’une forme de vie exotique puisse un jour visiter notre planète.
Tout d’abord, le Dr. Shostak est convaincu qu’aucun de ces êtres n’a un jour visité notre espace aérien.
« Les affirmations selon lesquelles des extraterrestres ont aidé à construire de grands monuments pointus dans le désert égyptien il y a 5 000 ans sont franchement, risibles » écrit-il. « Et je ne pense pas que les vidéos réalisées par les caméras des F-18 Hornets de la marine nous montrent le moindre vaisseau extraterrestre se précipitant dans le ciel au-dessus du Pacifique. Il y a des explications plus prosaïques pour ces images ».
Ceci dit, comme beaucoup, l’astronome juge « extrêmement probable » que des extraterrestres « intelligents » soient effectivement présents dans notre galaxie. De fait, cette supposition soulève la possibilité que nous puissions un jour prendre contact avec une forme de vie exotique. Se pose alors la question suivante : si tel est le cas un jour, à quoi pourraient ressembler ces extraterrestres ?
« Ils ne seront pas vivants »
Hollywood nous a habitués aux petits êtres gris, frêles, imberbes et dotés d’une énorme tête censée abriter un énorme cerveau. Le Dr. Shostak, lui, ne partage pas cette représentation très anthropomorphique de l’extraterrestre.
« Il est peu probable que les extraterrestres qui se rendront sur notre planète, si ils viennent un jour, soient des formes de vie à base de carbone, qu’elles soient velues ou glabres », explique-t-il. « Leurs capacités cognitives ne seront probablement pas alimentées par une masse spongieuse de cellules que nous appellerions un cerveau. Ils seront probablement allés au-delà de l’intelligence biologique et, en fait, au-delà de la biologie elle-même ». Autrement dit, « ils ne seront pas vivants ».
Pourquoi une vie artificielle plutôt que biologique ?
La raison est assez simple. Comme vous le savez, l’Univers est vaste au point que nos pauvres petits cerveaux, aussi complexes soient-ils, peinent à véritablement en appréhender les distances. Avec des méthodes de propulsion classiques, il faudrait par exemple plus de 75 000 ans pour atteindre le système stellaire le plus proche — Alpha Centauri. Et l’étoile ne se positionnait qu’à 4,2 années-lumière.
Si nous devions imaginer un tel voyage un jour, l’humanité aura alors besoin de vaisseaux à l’intérieur desquels plusieurs générations devraient se succéder. Il y a quelques années, l’astronome Frédéric Marin, de l’Observatoire astronomique de Strasbourg, et la physicienne Camille Beluffi, avaient d’ailleurs estimé la taille minimale de l’équipage pour que celui-ci arrive à bon port et en en bonne santé : au moins 98 personnes à l’intérieur d’un vaisseau d’au moins 224 mètres de rayon pour 320 mètres de longueur.
Naturellement, nous pourrions imaginer des extraterrestres très en avance sur le plan technologique, profitant de systèmes de propulsion beaucoup plus efficaces. Néanmoins, comme le souligne l’astronome, les extraterrestres devront toujours opérer selon les mêmes lois de la physique.
« Supposons qu’un extraterrestre souhaite parcourir la distance entre Proxima Centauri et la Terre en 10 ans. Leur fusée aurait besoin de rassembler 600 millions de fois plus d’énergie qu’une fusée Saturn V. Doublez ce nombre s’ils prévoient de s’arrêter sur Terre et de s’engager avec les habitants ».
Les machines «n’exigent pas de billet aller-retour»
Ce que nous dit le chercheur, c’est qu’il apparaît très difficile de pouvoir traverser des années-lumière d’espace en moins d’une vie. Et pour des passagers biologiques, l’idée de mourir bien avant d’arriver à destination paraît inenvisageable, à moins d’y être absolument forcés.
«Les machines, en revanche, ne se plaindront pas si elles sont enfermées dans un vaisseau spatial pendant des dizaines de milliers d’années. Elles n’ont pas besoin de nourriture, d’oxygène, d’assainissement ou de divertissement. Et elles n’exigent pas de billet aller-retour», explique le chercheur. «Par conséquent, il est raisonnable de s’attendre à ce que toute intelligence cosmique nous rendant visite soit synthétique».
Si tel est le cas un jour, la question du physique n’aurait probablement plus aucun sens. Celle des intentions serait en revanche beaucoup plus préoccupante.