Une reconstruction de l’un des plus anciens squelettes connus de Norvège montre un adolescent avec un crâne inhabituel probablement mort seul dans une grotte il y a environ 8 300 ans.
Les techniques modernes permettent des reconstructions d’anciens visages de plus en plus fidèles. Il y a quelques mois, le légiste et artiste suédois Oscar Nilsson avait par exemple collaboré avec des archéologues pour effectuer la reconstruction faciale d’une femme ayant vécu il y a 4 000 ans. Cette même équipe avait auparavant reconstruit le visage d’un homme né il y a 8 000 ans. Plus récemment, des chercheurs ont également tenté de reconstruire le visage d’une femme que l’on croyait être un homme.
Aujourd’hui, direction la Norvège, toujours avec le même légiste, avec la reconstruction du visage d’un jeune garçon de l’âge de pierre surnommé Vistegutten (ou simplement garçon de Viste), au crâne inhabituel. Les restes de cet adolescent ont été découverts il y a plus d’un siècle dans une grotte mésolithique à Randaberg, le long de la côte ouest de la Norvège. Son squelette est exposé au musée Hå Gamle Prestegard, dans le sud du pays.
Un crâne inhabituel
Les précédentes analyses de ses ossements ont déjà révélé plusieurs points. Tout d’abord, nous savons qu’il mesurait environ 1,25 m, ce qui était petit pour son âge, même selon les normes mésolithiques. Ses restes ainsi que ceux d’animaux trouvés sur place tous comme les artefacts de la grotte suggèrent cependant qu’il était bien nourri. Les chercheurs ont en effet retrouvé des outils de pêche, y compris des hameçons, des harpons, témoignant d’activités de pêche.
Nous savons aussi qu’il souffrait d’une déformation crânienne connue sous le nom de scaphocéphalie qui survient lorsque la suture sagittale au sommet du crâne fusionne trop tôt. Cela se traduit par allongement étroit et élevé de la tête par un aplatissement transversal. Notez que cette maladie n’est pas associée à des problèmes de développement ou à des déficiences intellectuelles.
Enfin, les anthropologues suggèrent qu’il est peut-être mort seul, car ses restes ont été retrouvés comme s’il s’était appuyé contre le mur d’une grotte. Cependant, ce n’est qu’une spéculation. Son corps a peut-être été placé ainsi avec des amis ou sa famille.
À quoi ressemblait son visage ?
Pour effectuer la reconstruction, l’artiste médico-légal a effectué deux tomodensitométries du crâne dans le but de créer une réplique en plastique imprimée en 3D. Étant donné qu’il n’était pas sûr de l’épaisseur de ses tissus faciaux, il s’est appuyé sur les mesures de garçons modernes de son âge d’Europe du Nord. Nous ne savons évidemment pas à quel point ces mesures sont transférables. Après tout, ce jeune homme aurait vécu il y a plus de 8 000 ans.
Par ailleurs, une analyse ADN suggère qu’il avait les yeux bruns, les cheveux foncés et un teint intermédiaire.
Au départ, le légiste proposait un visage souriant. « Cependant, à mesure que j’approfondissais le projet, je ne pouvais pas me défaire de cette image d’un garçon solitaire« , explique-t-il, d’où l’expression présentée ci-dessous.
Notez que les vêtements du garçon ont été confectionnés par Helena Gjaerum, une archéologue indépendante connue pour utiliser des techniques préhistoriques pour tanner le cuir. Pour ce travail, elle a utilisé de la peau d’élan pour la tunique (tannée à la graisse) et a disposé deux peaux de saumon tannées à l’écorce autour de sa taille. Le petit sac accroché à la ceinture a également été cousu à partir de peau de daim. Tous ces animaux étaient présents dans la région à cette époque.