À quel point le corps de Marie Curie était-il radioactif ?

Pierre et Marie Curie
Pierre et Marie Curie dans leur laboratoire de fortune de l’École municipale de physique et de chimie industrielles, vers 1906. Crédits : Auteur inconnu/Via Wikipédia

Les recherches de Marie Curie sur les éléments radioactifs lui ont permis d’être reconnue comme « la mère de la physique moderne ». Malheureusement pour elle, ces mêmes substances ont également eu un effet durable sur son corps, au point qu’elle a dû être enterrée dans un cercueil doublé de plomb.

Qui était Mme Curie ?

Marie Curie, de son nom de naissance Maria Skłodowska, est principalement connue pour ses travaux révolutionnaires sur la radioactivité. Et pour cause, ils lui ont valu d’être la première femme à remporter un prix Nobel. C’est également la seule personne à ce jour à avoir reçu deux prix Nobel dans deux domaines scientifiques différents.

En 1903, elle partagea tout d’abord le prix Nobel de physique avec son mari et Henri Becquerel pour leurs découvertes dans le domaine de la radioactivité.

Dans le détail, en 1896, Henri Becquerel avait d’abord découvert que les sels d’uranium émettaient leur propre rayonnement sans nécessiter d’excitation par la lumière. Marie Curie avait ensuite exploré les découvertes de Becquerel dans le cadre de sa thèse de recherche. Elle et son mari, Pierre Curie, avaient alors fini par découvrir le radium et le polonium, deux nouveaux éléments radioactifs, en 1898.

En 1911, elle reçut ensuite le prix Nobel de chimie pour ses travaux sur le polonium et le radium, ainsi que pour ses contributions à l’avancement de la science. Notez qu’à l’époque, beaucoup étaient malheureusement plus intéressés par sa vie personnelle que par ses nouvelles réalisations scientifiques, ce qui avait amené Albert Einstein à lui écrire une lettre touchante pour la soutenir.

Marie Curie consacra ensuite ses recherches à l’étude de la chimie des substances radioactives ainsi qu’à leurs applications en médecine. Ces travaux avaient alors ouvert la voie à de nombreuses applications médicales et industrielles de la radioactivité.

Pierre et Marie Curie
Einstein, Curie, Schrödinger ou encore Planck… En 1927, lors du cinquième congrès Solvay, les plus grands esprits de ce monde étaient réunis sur cette photo considérée comme étant “la plus intelligente jamais prise”. Crédits : Benjamin Couprie/Domaine public

Un corps et des biens radioactifs

Malheureusement, l’exposition continue à cette radioactivité eut des conséquences néfastes sur sa santé. Nous savons en effet que Marie Curie est décédée des suites d’une anémie aplasique causée par son exposition aux radiations. Il s’agit d’une affection sanguine rare apparaissant lorsque la moelle osseuse ne peut pas fabriquer suffisamment de nouvelles cellules sanguines.

À sa mort en 1934, on pensait d’ailleurs son corps si radioactif qu’elle a dû être enterrée dans un cercueil doublé de plomb. Cependant, personne ne l’a su avant 1995, lorsque son corps a été exhumé.

À l’époque, les autorités françaises avaient en effet voulu déplacé les corps de Pierre et Marie Curie au Panthéon. Les autorités avaient alors contacté l’agence de radioprotection pour s’assurer que le personnel du cimetière ne serait pas exposé à des radiations résiduelles.

À première vue, le cercueil de Marie Curie semblait n’être fait que de bois, mais une fois ouvert, on s’est aperçu qu’il était recouvert de 2,5 millimètres de plomb. Un examen ultérieur de son corps a finalement révélé qu’il était non seulement remarquablement bien conservé, mais qu’il ne présentait que de faibles niveaux de contamination alpha et bêta. Cela est probablement dû au fait que Marie Curie avait pris certaines mesures pour limiter son exposition aux radiations.

Cependant, on ne peut pas en dire autant de son équipement. Aujourd’hui encore, bon nombre de ses biens sont en effet toujours très radioactifs. Ces derniers sont ainsi stockés dans des boîtes plombées à la Bibliothèque nationale de France à Paris. Lors de leur demande d’accès, les visiteurs sont d’ailleurs tenus de signer une décharge de responsabilité et de porter des vêtements de protection pour éviter l’exposition au radium-226. Ce n’est d’ailleurs pas près de s’arranger puisque cet isotope particulier a une demi-vie d’environ 1 600 ans.