Si toutes nos émissions carbone étaient supprimées du jour au lendemain, les températures mondiales pourraient commencer à baisser dès 2033, selon une étude. Naturellement, nous allons devoir patienter beaucoup plus longtemps.
Il va de soi que si nous mettons véritablement en place les moyens nécessaires pour réduire nos émissions de gaz à effet de serre, les retombées de ces mesures ne seront pas immédiates. Mais combien de temps devrions-nous attendre avant d’entrevoir un résultat ?
Une équipe de chercheurs dirigée par Bjørn Hallvard Samset, du Center for International Climate Research en Norvège, s’est récemment posé la question. Les résultats de leurs travaux sont publiés dans la revue Nature Communications.
Des effets à retardement
Dans le cadre de cette étude, les chercheurs ont utilisé des modèles climatiques pour évaluer la manière dont notre planète pourrait répondre à différents efforts de lutte. En outre, ils ont exploré plusieurs types d’émissions spécifiques – dioxyde de carbone, carbone noir et méthane – pour déterminer si l’un d’eux permettrait de rapidement réduire le taux de réchauffement.
Premièrement, l’étude souligne qu’il n’existe pas de raccourci. Autrement dit, se concentrer sur tel ou tel type d’émission plutôt qu’un autre ne ferait pas de réelle différence. Aussi, les chercheurs soutiennent que nous devrions nous focaliser sur la réduction des émissions de CO2, qui sont les plus importantes.
L’un de ces modèles s’est ensuite appuyé sur l’hypothèse d’un arrêt, dès cette année 2020, de toutes nos émissions de CO2. Cette projection, naturellement impossible, nous permet d’apprécier le degré de réponse de notre planète à nos efforts de lutte.
Dans ce scénario, le monde éviterait un réchauffement de plus de 0,7 degré Celsius d’ici 2100. En revanche, les premiers effets notables sur les températures de surface mondiales ne commenceraient à être significatives qu’à partir de l’année 2033.
Selon un autre modèle un peu plus réaliste, qui prévoit une réduction de 5% de nos émissions de CO2 chaque année, nous verrions cette fois le réchauffement climatique commencer à s’inverser de façon notable dès l’année 2044.

Éviter toute confusion à l’avenir
Naomi Goldenson, de l’Université de Californie (États-Unis), qui n’a pas travaillé sur ce document, a déclaré à Earther que ces résultats n’étaient « pas une surprise ». Ce retard dans la réponse en termes de températures est en effet « inévitable » dans la mesure où le dioxyde de carbone a une durée de vie très longue dans notre atmosphère.
Concrètement donc, si nous mettons en place de véritables mesures d’atténuation du réchauffement climatique, les premiers effets de ces efforts ne seront visibles que dans 20 ou 30 ans, au mieux. Il ne s’agit pas ici d’être pessimiste, mais d’être « franc et réaliste », souligne Bjørn Hallvard Samset, et « d’éviter toute confusion dans l’avenir ».
Il y a en effet une chance que nous nous constations encore une hausse des températures une décennie durant, et ce même si nous mettons en place des mesures très fortes, avant que ces efforts commencent à payer.