Depuis presque vingt ans, la Chine développe un réacteur de fusion nucléaire que l’on surnomme « soleil artificiel ». Dans le cadre de ces travaux, les ingénieurs ont récemment fabriqué un robot dont la mission sera d’assurer la maintenance complexe et couteuse de cette installation. Équipée de trois bras, cette machine est notamment capable de soulever une charge d’une soixantaine de tonnes.
Un « robot de l’extrême »
L’Experimental Advanced Superconducting Tokamak (EAST) est un réacteur tokamak supraconducteur à fusion par confinement magnétique, actuellement en développement près de la ville de Hefei, dans l’est de la Chine. Désignée par l’appellation HT-7U en interne, cette installation est également connue sous le surnom de « soleil artificiel ». L’objectif est à terme de créer une source d’énergie propre et infinie pour la Terre. Concrètement, le soleil artificiel permet de confiner du plasma afin de produire de l’énergie grâce à la fusion nucléaire, un processus reproduisant celui de la formation des étoiles. En janvier 2025, le EAST avait établi un nouveau record mondial de fusion nucléaire en maintenant un plasma ultra-chaud pendant 1 066 secondes, soit près de 18 minutes.
Cependant, cette installation a des besoins en maintenance énormes, à la fois complexes et très onéreux. Face à ces difficultés, les ingénieurs chinois pensent avoir trouvé une solution, selon plusieurs médias locaux relayés par le magazine Interesting Engineering le 22 septembre 2025. Baptisé Comprehensive Research Facility for Fusion Technology (CRAFT), le robot en question serait en capacité de travailler sous des conditions difficiles, à savoir la chaleur extrême, les champs magnétiques intenses, ainsi que les radiations.
Surtout, les responsables de l’Institut de physique du plasma de l’Académie des sciences chinoise ont mis en avant une caractéristique étonnante : CRAFT peut soulever jusqu’à soixante tonnes à l’aide de ses trois bras et ce, avec une précision exceptionnelle.

Le système de télémanipulation automatique le plus avancé dans le domaine de la fusion
De premiers tests du CRAFT ont été réalisés, l’engin ayant démontré une précision de l’ordre de 3 à 4 millimètres à la verticale. Par ailleurs, deux des trois bras sont plus petits et sont capables d’effectuer des tâches avec une précision d’environ 10 micromètres, soit 0,01 millimètre. En théorie, une telle précision pourrait révolutionner le secteur de la fusion, en permettant une maintenance plus efficace, essentielle à l’évolution du projet. De plus, les ingénieurs ont affirmé que leur robot est le système de télémanipulation automatique le plus avancé dans ce domaine.
« Les technologies maîtrisées dans le développement du robot devraient contribuer au fonctionnement des dispositifs de fusion nucléaire de nouvelle génération, tant au niveau national qu’à l’étranger. », a déclaré Pan Hongtao, de l’institut chinois pour le quotidien hongkongais South China Morning Post.
Le développement du robot CRAFT n’est pas encore terminé mais l’engin devrait tout de même être opérationnel d’ici la fin de l’année 2025. En cas de succès, d’autres entités pourraient se montrer intéressées par le robot, notamment les ingénieurs travaillant sur le développement du réacteur thermonucléaire expérimental international (ITER), dans les Bouches-du-Rhône (France). Enfin, si la machine a été initialement pensée pour travailler sur le EAST, celle-ci pourrait également un jour être employée dans la maintenance des centrales nucléaires et pourquoi pas, dans le développement de projets dans l’aéronautique.
