Dans le cadre d’une vaste étude, des chercheurs britanniques ont révélé d’importantes différences entre les médicaments antidépresseurs. Les résultats ont permis d’effectuer un classement de ces substances en fonction de leurs effets secondaires indésirables, une grande première. Les auteurs de l’étude espèrent que leur classement pourra déboucher sur des prescriptions individuelles plus adaptées aux patients.
58 500 patients, 30 médicaments
Pour rappel, les antidépresseurs sont des médicaments capables de soulager les symptômes de la dépression et ainsi, améliorer l’humeur du patient. Plusieurs familles d’antidépresseurs existent, celles-ci étant prescrites en fonction du patient et du type de dépression dont il est question. Citons par exemple les inhibiteurs sélectifs de la recapture de la sérotonine (ISRS), les inhibiteurs de la recapture de la sérotonine et de la noradrénaline (IRSN), les antidépresseurs tricycliques ou encore, les antidépresseurs atypiques. Généralement, ces médicaments s’associent à une prise en charge psychothérapeutique.
Depuis longtemps, les médecins et autres chercheurs savent que la prise d’antidépresseurs engendre une liste plus ou moins longue d’effets secondaires indésirables. Cependant, ces mêmes effets n’avaient jamais fait l’objet d’un classement clair. C’est désormais fait chose faite, comme en témoigne une méta-étude pilotée par l’Institut de Psychologie du King’s College London (Royaume-Uni) et publiée dans la revue The Lancet le 21 octobre 2025. Dans ce cadre de ces travaux, les chercheurs ont passé en revue l’impact des antidépresseurs sur les patients au cours des huit mois suivant le début du traitement. Les données issues de 151 études concernent 58 500 patients et une trentaine de médicaments. Ceci a permis d’établir un classement des antidépresseurs dans le but de comparer facilement leurs effets secondaires.
« Nous avons trouvé des preuves solides que les antidépresseurs diffèrent considérablement dans leurs effets physiologiques, notamment sur les paramètres cardiométaboliques. Les recommandations thérapeutiques devraient être mises à jour pour tenir compte des différences de risque physiologique, mais le choix de l’antidépresseur doit être individuel, en tenant compte du tableau clinique et des préférences des patients, des soignants et des cliniciens. », peut-on lire dans l’étude.
Des effets divers selon le type d’antidépresseurs
Dans le détail, l’étude a par exemple permis de comprendre qu’en moyenne, une prescription de huit semaines d’agomélatine s’associait à une perte de poids de 2,4 kg. Dans les mêmes conditions, la prise maprotiline cause une prise de poids moyenne de 2 kg. Citons également la découverte d’une différence moyenne de 11 millimètres de mercure (mmHg) – unité de mesure de la tension artérielle – entre les patients sous nortriptyline et sous doxépine. Autre chiffre : les chercheurs ont souligné une différence moyenne de 21 battements par minute entre la fluvoxamine et la nortriptyline. Ces deux médicaments ont respectivement des effets de ralentissement et d’accélération du cœur.
Enfin, les chercheurs ont précisé ne pas savoir si les effets physiologiques décrits plus haut persistent ou non dans le temps. De plus, certains effets secondaires n’ont pas été abordés dans le cadre de la méta-étude, notamment les troubles gastro-intestinaux, les troubles d’ordre sexuel ou encore, le phénomène d’émoussement affectif. Les meneurs des travaux ont également indiqué que les différences d’efficacité entre les antidépresseurs devraient faire l’objet d’une prise en compte, dans le cas de nouvelles études à venir.
