55 Cancri e : La planète la plus étonnante jamais observée par la Nasa

55 Cancri e
Illustration d'artiste de l'exoplanète 55 Cancri e. Crédits : NASA

Mystérieuse, la Super-Terre « 55 Cancri e » fascine les scientifiques. Et pour cause, de récentes études révèlent une importante différence de températures entre les faces « nocturne » et « diurne » de l’exoplanète.

Brice-Olivier Demory, astrophysicien à l’Université de Cambridge, et ses collègues ont mesuré grâce au télescope spatial Spitzer le rayonnement émis dans l’infrarouge par l’exoplanète 55 Cancri e, située à 40 années-lumière de la Terre dans la Constellation du Cancer, au moment où celle-ci passait devant son étoile. Et les données recueillies (près de 75 heures de données réparties sur un mois d’observation, en 2013) nous donnent une certaine idée de l’enfer.

Ainsi, et pour la première fois, des astronomes ont réussi à concevoir une carte dévoilant les températures ayant cours à la surface d’une super-Terre. Ils ont alors constaté qu’il existait une importante différence de température, environ 1.300 degrés Celsius, entre les deux côtés de la planète. « Du côté jour, la température avoisine les 2.500 °C, tandis que du côté nuit, il fait environ 1.100 °C, ça donne une grosse différence », explique notamment dans un communiqué le Dr Brice-Olivier Demory.

De telles températures ne sont pas étonnantes, 55 Cancri e orbitant à une distance très faible autour de son étoile (elle en fait ainsi le tour en seulement 18 heures). Nous savons également que, à l’instar de la Lune avec la Terre, 55 Cancri e est en rotation synchrone autour de son étoile, ce qui signifie qu’elle lui présente toujours la même face. Une face diurne, balayée par la chaleur de l’étoile, s’oppose donc à une face nocturne, plongée dans le froid et l’obscurité. Mais grâce aux données fournies par le télescope, nous savons désormais que le côté jour est significativement plus chaud et qu’il n’y aurait aucune circulation de chaleur entre les deux côtés.

C’est cette variation de température qui laisse perplexes les scientifiques. Certains avancent qu’elle s’explique par l’absence d’atmosphère, à même de transporter la chaleur d’un hémisphère à l’autre par l’intermédiaire de « vents », pendant que d’autres soutiennent que cette dernière a été partiellement détruite par les radiations de l’étoile. Une chose est sure c’est que cette météo extrême a des conséquences majeures sur la surface de la planète, qui présenterait ainsi deux faces bien distinctes, l’une totalement fondue et l’autre solidifiée, comme le montre l’animation de la vidéo ci-dessous.

Selon les scientifiques, le côté jour pourrait potentiellement présenter des rivières de lave et de grandes piscines de magma extrêmement chaud, tandis que le côté nuit lui, aurait solidifié les flots de lave (comme ce que l’on trouve à Hawaï). Toujours est-il que les chercheurs se questionnent encore sur l’origine de cette importante différence de température qui, selon eux, ne peut pas être expliquée par la seule présence de l’étoile.

La mise en évidence d’un contraste de températures entre deux faces d’une « super-terre » n’en reste pas moins une première et ouvre la voie à l’observation future de ce type d’objets célestes. Dès 2018, les scientifiques pourraient réussir à aller encore plus loin avec l’arrivée du James Webb Space Telescope de la NASA, censé succéder au télescope spatial Hubble. Doté d’un miroir de 6,5 mètres, il devrait permettre de révolutionner l’étude des exoplanètes, en offrant des observations plus précises et surtout en permettant aux astronomes de voir plus loin.

Sources : Space, Letemps