Un mouvement international gagne en notoriété et attire l’attention : des femmes choisissent de s’éloigner des normes traditionnelles pour adopter un mode de vie sans rendez-vous galants, sans relations intimes, sans mariage, et sans enfants. Ce choix, initié en Corée du Sud, suscite des débats sur les rôles de genre et les attentes sociales.
Qu’est-ce que le mouvement 4B ?
Le « 4B Movement », né en Corée du Sud au milieu des années 2010, tire son nom des quatre commandements qui le définissent :
- Pas de relations sexuelles avec les hommes (“Bisekeu”)
- Pas de mariage (“Bihon”)
- Pas de rendez-vous (“Biyeonae”)
- Pas d’accouchement (“Bichulsan”)
Ces principes visent à remettre en question un système patriarcal qui impose des rôles genrés traditionnels et souvent oppressifs. En Corée du Sud, où les inégalités de genre sont marquées, ce mouvement est à la fois une rébellion et une forme de protection contre les violences physiques, émotionnelles et économiques.
Pourquoi un tel rejet des normes traditionnelles ?
Inégalités persistantes
Selon l’OCDE, les femmes sud-coréennes gagnent en moyenne 29 % de moins que les hommes et effectuent 3,5 fois plus de travail non rémunéré, comme les tâches ménagères. Ces disparités, couplées à une société patriarcale ancrée, ont poussé certaines femmes à dire « stop ».
Un climat de violence
Les cybercrimes, comme le « molka » (films clandestins tournés dans des toilettes ou vestiaires), ont été largement médiatisés en Corée du Sud. Selon une étude de 2019, 80 % des victimes de ces crimes sont des femmes (source). Ces phénomènes, associés à des attentes sociales pesantes, ont suscité une désillusion envers les relations hommes-femmes.
Une exportation vers les États-Unis
L’élection de Donald Trump à la présidence américaine a agi comme un catalyseur pour le mouvement. Les droits reproductifs et les inégalités entre les sexes étant au cœur des débats, de nombreuses femmes ont vu dans le « 4B Movement » un moyen d’exprimer leur colère.
La viralité sur les réseaux sociaux
En quelques jours, le hashtag #4BMovement est devenu tendance sur TikTok et Twitter. Des femmes publient des vidéos pour expliquer leur décision de renoncer aux relations traditionnelles, certaines allant jusqu’à se raser la tête pour défier les normes esthétiques.
Quels sont les effets sur la société ?
Une critique radicale du patriarcat
Ce mouvement propose une critique radicale des rôles traditionnels des femmes. Selon Baek Ga-eul, une militante sud-coréenne, il s’agit avant tout de réclamer le droit à une existence autonome, déconnectée des attentes masculines ou sociales.
Des impacts psychologiques
Certaines femmes rapportent un sentiment de libération en échappant à la pression de devoir plaire ou se conformer. Cependant, les critiques pointent un risque d’isolement et d’un rejet trop global de la gent masculine.
Une opposition féministe
Tous les courants féministes ne soutiennent pas le 4B Movement. Certaines militantes estiment qu’il pourrait renforcer les divisions entre hommes et femmes plutôt que promouvoir une égalité constructive.
Les questions soulevées par le mouvement
Ce phénomène pose plusieurs questions :
- Peut-on réalement changer la société en boycottant les hommes ?
- Ce mouvement est-il une solution durable ou un simple cri de détresse ?
- Quelles alternatives pour un féminisme inclusif ?
Conclusion : un choix individuel au sein d’un combat collectif
Le 4B Movement ne laisse personne indifférent. Qu’on l’approuve ou non, il met en lumière des inégalités persistantes et des violences souvent passées sous silence. Ce mouvement radical invite à une réflexion sur les rôles de genre et les attentes imposées par la société. Pour celles qui le rejoignent, c’est avant tout une manière de reprendre le contrôle sur leur vie.