32 ans après, voici comment la vie se développe dans la zone radioactive de Tchernobyl

Tchernobyl catastrophe nucléaire
Crédits : Pixabay / Amort1939

Peu après minuit, le 26 avril 1986, une centrale nucléaire située au nord de l’Ukraine explosait après un test de sécurité, projetant une ombre radioactive sur la Terre. Une zone d’exclusion de 2 600 kilomètres carrés est alors accidentellement devenue une réserve naturelle. Il semblerait en effet que la Nature se soit adaptée, tant bien que mal, sans les Hommes.

Que savons-nous jusqu’ici ? Beaucoup de microbes sont prompts à profiter des désastres. Les champignons riches en mélanine tels que Cladosporium sphaerospermum, Cryptococcus neoformans et Wangiella dermatitidis sont par exemple devenus les rois du sanctuaire de Tchernobyl grâce aux effets des rayonnements ionisants sur leurs pigments. La recherche montre que ces champignons se sont littéralement « nourris » de la radioactivité de la centrale.

On imagine souvent que les catastrophes nucléaires laissent derrière elles des terres de poussière, d’herbe sèche et d’arbres dénudés. Ce n’est pas le cas à Tchernobyl. Environ 10 kilomètres carrés de forêts de pins ont été surnommés « la Forêt Rouge » : les radiations ont rendu les feuilles brunes. D’autres plantes ont trouvé des moyens intelligents de faire face au stress de l’augmentation des radiations. Une étude sur le soja cultivé dans la zone restreinte de Tchernobyl – comparé aux plantes cultivées à 100 kilomètres – a en effet montré que les plantes irradiées n’étaient pas vraiment prospères, mais qu’elles avaient réussi à survivre en pompant des protéines connues pour lier les métaux lourds et réduire les anomalies chromosomiques chez les humains.

Concernant la faune, notons que les populations d’oiseaux ont été parmi les plus durement touchées par la catastrophe. Une étude portant sur 550 spécimens couvrant près de 50 espèces a en effet révélé que le rayonnement avait un impact sur le développement neurologique des volatiles. On observe notamment une baisse significative du volume cérébral. Les pertes ont été inégales : les femelles sont mortes en plus grand nombre que les mâles, par exemple.

Si les oiseaux ont souffert, les mammifères, eux, se portent aujourd’hui plutôt bien. On note en effet un rapide retour dans les forêts. Des études menées au milieu des années 1990 sur les petits animaux, tels que les souris et les campagnols, ont montré qu’il n’y avait pas de différence notable dans la taille des populations à travers les limites de la zone. La proportion des grands animaux, y compris les cerfs et les sangliers, a également rebondi au cours des dernières décennies. Les plus grands gagnants semblent être les loups : plus de proies et moins d’humains. Selon certaines estimations, il y a sept fois plus de loups dans la zone qu’à l’extérieur. Rappelons que l’un d’eux a récemment quitté la zone d’exclusion. Une première.

Tous ces mammifères ne sont pas nécessairement en « bonne santé ». Selon Jim Smith, chercheur à l’Université de Portsmouth (Royaume-Uni), « cela ne signifie pas que le rayonnement est bon pour la faune, mais que les effets de l’habitation humaine, y compris la chasse, l’agriculture et les exploitations forestières sont bien pires ». Rappelons que quelque 1 000 personnes sont retournées chez elles dans les mois qui ont suivi la catastrophe, choisissant la solitude malgré les données des compteurs de Geiger. Comprenant principalement des femmes âgées appelées les « Babouchkas de Tchernobyl », cette population constitue un peuple en voie de disparition.

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