Dans un communiqué paru le 6 octobre dernier, l’Organisation Météorologique Mondiale (OMM) rapporte un trou d’ozone antarctique particulièrement large et profond par rapport aux années précédentes.
En croissance rapide depuis la mi-août, le déficit saisonnier d’ozone a atteint son pic au cours des derniers jours. La superficie maximale couverte par le trou a avoisiné la valeur de 25 millions de km² fin septembre. En termes d’intensité du déficit, les mesures ont rapporté une concentration minimale intégrée sur la verticale de 95 unités Dobson le 1 octobre. Entre 20 et 25 kilomètres, l’ozone avait même presque totalement disparu au-dessus du continent. Cela signifie-t-il pour autant que la couche d’ozone récupère moins vite qu’on ne le pensait ?
« Il y a une grande variabilité dans la façon dont les événements de pertes d’ozone se développent chaque année. Le trou d’ozone de 2020 ressemble à celui de 2018 – qui était également un trou assez grand – et se trouve clairement dans la partie supérieure du peloton des quinze dernières années » précise Vincent-Henri Peuch, directeur du service de surveillance de l’atmosphère Copernicus (CAMS). Autrement dit, l’approche climatologique impose une vision de long terme faisant fi des sursauts météorologiques d’une année à l’autre.
De la variabilité interannuelle du trou d’ozone
En effet, au gré des configurations atmosphériques, la stratosphère sera plus ou moins froide en fin d’hiver et début de printemps – période où le rayonnement solaire réapparaît et bouleverse la chimie stratosphérique. Or, lorsque les températures sont très basses, les réactions catalytiques responsables de la destruction des molécules d’ozone deviennent plus efficaces. Ainsi, les pertes seront plus prononcées. C’est ce qu’il s’est passé cette année, avec un vortex polaire stable et très froid. Tout le contraire de la situation observée en 2019 où le trou d’ozone était exceptionnellement restreint. Avec l’avancée dans la saison, les températures remontent ensuite très nettement et les concentrations se reconstituent durant l’été austral.
Vincent-Henri Peuch note néanmoins que la présence d’un déficit marqué « confirme que nous devons continuer à appliquer le protocole de Montréal, lequel interdit les émissions de produits chimiques appauvrissant l’ozone ». À ce sujet, le dernier rapport d’évaluation sur la couche d’ozone parue en 2018 confirmait une lente phase de rémission. Plus précisément, les scientifiques estiment qu’elle retrouvera sa valeur moyenne d’avant 1980 d’ici à 2060. À condition bien sûr que les restrictions appliquées aux gaz en question soient méticuleusement respectées… Ce qui, malheureusement, ne semble pas toujours être le cas.
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