En 2020, et pour la première fois, l’Union européenne a produit plus d’électricité à partir d’énergies renouvelables qu’à partir de combustibles fossiles. D’un côté la part des énergies solaire et éolienne est en augmentation, tandis que le charbon continue son déclin.
Une « bascule » historique
Selon un nouveau rapport signé de l’agence Ember et Agora Energiewende, publié le 25 janvier 2021, l’éolien, le solaire et l’hydroélectricité ont assumé en 2020 38 % de la demande d’électricité de l’Union européenne (UE), tandis que les combustibles fossiles n’ont pas dépassé le seuil des 37 %. Il s’agit évidemment d’un point de bascule clé pour les évolutions écologiques à venir. « Il est significatif que l’Europe ait atteint ce moment historique au début d’une décennie d’action mondiale en faveur du climat », souligne l’analyste Dave Jones, co-auteur du rapport.
Pour ne pas être en reste, soulignons que les États-Unis, deuxième plus gros pays pollueur du monde, ont également consommé plus d’énergies renouvelables que le charbon pour la première fois depuis le début de la révolution industrielle.
En matière d’énergie éolienne, l’Europe génère désormais près d’un tiers de la capacité éolienne totale du monde (+9 %). De son côté, la production d’énergie solaire a augmenté de 15 % l’année dernière. Globalement, le taux de croissance de l’électricité générée par des énergies éolienne et solaire était de 51 térawatts-heures en 2020, soit bien plus que les 38 térawatts-heures moyens produits chaque année au cours de la dernière décennie.
Le gaz naturel voué à décliner
Encore une ombre au tableau : celle du gaz naturel. Bien que cette forme d’énergie, dont la production contribue encore au réchauffement climatique, ait diminué de 4 % l’an dernier, elle reste en augmentation depuis 2015 (+14 %). La Grèce, les Pays-Bas et la Pologne notamment, ont tous vu leur production de gaz augmenter en 2020.
« Ainsi, bien que l’éolien et le solaire remplacent le charbon, aucun pays n’a encore vu le vent et le solaire commencer à remplacer de manière significative la production de gaz », souligne le rapport.
Toutefois, Dave Jones assure que le gaz naturel, comme le charbon, est voué, lui aussi, à décliner. « L’Europe compte sur l’éolien et le solaire pour assurer non seulement l’élimination progressive du charbon d’ici 2030, mais aussi pour éliminer progressivement la production de gaz, remplacer les centrales nucléaires qui ferment, et répondre à la demande croissante d’électricité des voitures électriques, des pompes à chaleur et des électrolyseurs ».
Le rapport souligne également que les énergies renouvelables ont continué d’augmenter malgré « une grande incertitude » liée à la crise sanitaire. Selon les chercheurs, la baisse de l’électricité d’origine fossile aurait ainsi pu être « encore plus marquée sans un tel rebond de la demande d’électricité ».
Ils demandent également à ce que tout soit mis en œuvre pour que reprise post-Covid puisse ne pas effacer tous les progrès effectués ces dernières années. « La reprise économique après la pandémie ne doit pas ralentir la protection du climat. Nous avons donc besoin de politiques climatiques fortes — telles que le Green Deal — pour assurer des progrès constants ».