En 1492, la chute d’une météorite a secoué l’Europe !

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La météorite d’Ensisheim a touché la Terre le 7 novembre 1492, soit quelques semaines après la découverte du Nouveau Monde par Christophe Colomb. Alimentant les écrits à travers toute l’Europe, il s’agit du plus ancien impact de ce type dont la date a été répertoriée et attestée. Explications.

Le prêtre italien Sigismondo Tizio (1458-1528) mentionnait dans son ouvrage Histoire du Siennois, « une grande pierre est tombée du ciel de forme triangulaire, carbonisée, de la couleur du minerai métallique et accompagnée de tonnerre et d’éclairs » qui « à l’étonnement de tous », a « aplati la terre » au moment de l’impact.

La fameuse météorite a laissé derrière elle une vive trainée lumineuse, avant de s’écraser dans un champ de blé près de la ville d’Ensisheim, territoire du Saint-Empire germanique dans l’actuelle Alsace.

Le premier à avoir atteint le point d’impact est un jeune garçon rapidement suivi par une foule de curieux voulant récupérer un morceau de pierre. Il faut savoir que le noyau de la météorite d’Ensisheim est d’ailleurs conservé au musée de cette même ville et ne pèse plus ses 127 kg originels après avoir été amputé de 56 kg de matière.

Maximilien de Habsbourg, archiduc du Saint-Empire romain germanique, passait par la ville d’Ensisheim en faisant route vers la France pour y faire la guerre. Une halte dans la ville été faite dés l’annonce de l’impact, ce qui a permis au souverain de s’octroyer également un morceau de la météorite. L’archiduc en avait profité pour déclarer que celle-ci était la manifestation d’un signe prédisant la victoire de son armée sur l’envahisseur français et cette invasion fût en effet stoppée, alimentant les croyances.

À une époque où les phénomènes tels que les comètes, étoiles filantes et autres météorites n’étaient pas expliqués d’un point de vue cosmologique, on attribua donc une dimension fortement ésotérique à la chute de cette météorite, mais cela avait dépassé le cadre de la prédiction du triomphe militaire.

Ces « souvenirs » de la météorite ont été prélevés en dépit des déclarations de superstitieux qui qualifièrent la météorite de « pierre de tonnerre » ou encore de « pierre de feu ». Des échantillons ont également été envoyés au cardinal Piccolomini qui deviendra le Pape Pie III, ainsi qu’à d’autres dignitaires.

Par exemple, dans l’ouvrage Épidémie dansante, histoire vraie d’une maladie extraordinaire (2008), l’historien de la médecine John Waller (Université du Michigan, États-Unis) écrivait les mots suivants : « Sous les illustrations gravées sur bois, des rimes latines et allemandes racontent la colère de Dieu à l’encontre des hommes inconstants. » Il est également possible de citer le satiriste allemand de l’époque, Sebastian Brant : « La chrétienté était imprégnée de vices, explique Brant. Misérables pécheurs, Ses enfants avaient oublié le sacrifice du Christ et la menace des flammes effroyables de l’Enfer. »

L’archiduc Maximilien a donc été convaincu par cette définition de la pierre et a voulu faire preuve de prudence à bien des égards. Il s’agissait d’apaiser la colère divine en amenant la météorite dans l’église d’Ensisheim. Celle-ci fût accrochée à un mur pour ne pas la laisser errer dans l’espace ou lui permettre de s’enfuir avec la même violence que lorsqu’elle est arrivée, ce qui témoigne des croyances terrifiantes de l’époque face à cet événement.

Sources : MotherboardFrance Culture