L’Antarctique sera-t-elle un jour vraiment habitable ?

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Crédits : flickr.

L’Antarctique est un endroit glacial et inhospitalier. Il n’est donc pas surprenant que le continent le plus au sud de la Terre soit également le moins peuplé. Mais cela pourrait-il un jour changer ? L’Antarctique pourra-t-il un jour soutenir des installations humaines permanentes ? A priori, ce n’est pas pour tout de suite.

Un environnement compliqué

L’Antarctique, baigné par l’océan Austral, est constitué d’une grande île principale et d’îles et archipels secondaires. En hiver, les températures atteignent des minima de -80 à -90°C. En été (décembre, janvier et février), elles sont légèrement plus « clémentes » au niveau de la péninsule (entre +2 et -3°C). Le continent est également très « sec », avec pas plus de 200 à 300 mm de précipitations annuelles sur les régions côtières, sans compter les vents qui peuvent parfois dépasser les 200 km/h.

Le climat est donc rude et n’est pas si différent de certains endroits de l’Arctique. En réalité, le principal obstacle à un établissement humain permanent reste l’éloignement de l’Antarctique. Son isolement géographique signifie en effet que des installations ne pourraient être soutenues que par l’importation de nourriture et d’énergie.

Concernant ce dernier point, certaines des stations de recherche sont bien actuellement alimentées par des énergies renouvelables. Cependant, construire un réseau électrique à travers le continent impliquerait de le faire à travers une calotte glaciaire susceptible de changer en raison des effets du réchauffement climatique.

Aussi, de nos jours, vouloir s’établir durablement en Antarctique est probablement voué à l’échec. Mais le continent sera-t-il plus hospitalier dans le futur ?

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Crédits : Dan Beecham

Le climat terrestre évolue sur des centaines de millions d’années, alternant entre des périodes glaciaires plus froides et des périodes interglaciaires plus chaudes. Sur ce point, l’Antarctique ne fait pas exception. Sur la base des archives fossiles, nous savons par exemple que l’Antarctique abritait une végétation bien développée, dont de grandes forêts constituées de conifères, de fougères et autres plantes à fleurs au cours de la période du Crétacé.

Ces fluctuations climatiques vont de pair avec des changements dans l’atmosphère terrestre, y compris des niveaux croissants et décroissants de dioxyde de carbone. Bien que ces changements se soient historiquement produits sur de grandes périodes de temps, les émissions de CO2 modifient désormais le climat terrestre à un rythme sans précédent. Serait-il donc possible que l’Antarctique devienne « hospitalier » plus vite que prévu ?

Pas avant 2100, et encore

La péninsule antarctique, qui rassemble les parties les plus septentrionales du continent, s’étend du cercle antarctique vers l’Amérique du Sud (Ushuaia, en Argentine, n’est qu’à 1 095 kilomètres). À mesure que les températures moyennes mondiales augmenteront, le climat de la péninsule antarctique changera, ce qui la rendra susceptible de ressembler aux parties les plus méridionales de l’Amérique du Sud.

Sur la péninsule antarctique, des graminées indigènes, quelques insectes, des oiseaux migrateurs et des mammifères marins survivent actuellement. Avec un climat qui se réchauffe, nous verrons probablement une plus grande variété d’herbes et de fleurs. Cependant, il reste encore peu probable que la région soutienne des cultures ou du bétail au cours du siècle prochain. De fait, il apparaît compliqué de pouvoir y établir des colonies humaines permanentes.

De plus, hormis la péninsule, la plus grande partie du continent n’est qu’une gigantesque calotte glaciaire de plusieurs kilomètres d’épaisseur par endroits. Et si la modélisation climatique prédit une forte croissance de la zone libre de glace au niveau de la péninsule, il est peu probable que les régions intérieures ne changent d’ici 2100.

Et au-delà ? Qui sait. La hausse des températures et du niveau de la mer continuera d’accélérer la migration des réfugiés climatiques. Le climat de l’Antarctique pourrait alors devenir plus hospitalier que les régions les plus chaudes du reste du monde. Même sans cultures, la fonte de la banquise pourrait favoriser la pêche, tandis que les progrès technologiques pourraient permettre de fournir de l’énergie en continu.